L'impossible mission de dissuasion militaire dans un oc?an Indien livr? aux pirates
Le Niv?se quitte le port de Djibouti pour escorter un bateau transportant des marchandises, le 25 novembre 2008.
DJIBOUTI (GOLFE D'ADEN) ENVOY? SP?CIAL
Une dizaine de navires entre les mains des pirates, 2 millions de kilom?tres carr?s de mer ? surveiller au large d'une c?te livr?e au chaos, cent trente-trois attaques recens?es depuis janvier, trente-neuf piratages effectifs... Le vice-amiral G?rard Valin, commandant les forces fran?aises dans l'oc?an Indien, se demande comment gagner la bataille contre les pirates somaliens. "Ils ont des lance-roquettes, des GPS, des t?l?phones satellite. Ils connaissent nos m?thodes, les r?glements internationaux. Ce ne sont pas des amateurs", constate-t-il, lundi 24 novembre, ? quelques heures du d?part de la fr?gate de surveillance Niv?se. Le b?timent fran?ais escortera deux navires dans le golfe d'Aden.
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"D?sormais, il n'existe plus de zone s?re,assure le vice-amiral. On ne peut pas s?curiser ce secteur, il est trop vaste, il n'existe pas de bouclier parfait. Donc, les pirates vont continuer..." Et depuis la fin de la mousson, ils semblent s'enhardir. En t?moigne l'arraisonnement, mi-novembre, du supertanker saoudien Sirius-Star. Du jamais-vu dans les annales de la piraterie.
"Les pirates sont entre 400 et 500 et ils font du business, c'est clair", affirme G?rard Valin. Aucun lien, assure le responsable militaire, n'a ?t? ?tabli avec des r?seaux terroristes. Certains groupes islamistes somaliens verraient d'ailleurs d'un mauvais oeil ces actes de piraterie qui ne financeraient pas la n?buleuse Al-Qaida, croit savoir le vice-amiral. "En revanche, ajoute-t-il, on sait qu'ils blanchissent l'argent des ran?ons, souvent dans les Emirats."
200 DEMANDES D'ESCORTE
Quatre navires militaires fran?ais sont dispos?s au long du rail oc?anique o? d?filent 16 000 bateaux chaque ann?e. Mais cette pr?sence couvre ? peine 4 % de la zone dangereuse. Autant dire que, pour les forces fran?aises pr?sentes ? Djibouti, la seule m?thode valable demeure l'escorte de navires commerciaux, bien plus que la patrouille au hasard. Signe de l'ins?curit? croissante, les autorit?s fran?aises ont re?u plus de 200 demandes d'escorte. Une dizaine de commandos fran?ais montent ? bord des navires escort?s afin de les s?curiser, mais les effectifs restent limit?s. En outre, il est compliqu? de diff?rencier barques de p?cheurs et embarcations pirates, et la r?glementation internationale autorise la d?tention d'armes en haute mer.
La marge de manoeuvre des militaires demeure donc ?troite. Ils ne peuvent qu'intervenir a posteriori, comme lors de la prise d'assaut du voilier fran?ais Carr?-d'As, le 16 septembre, qui se solda par un mort chez les pirates. "A chaque fois qu'on fait des morts, on fabrique des pirates ou des terroristes, avertit le vice-amiral Valin. On ne tue pas des criminels, on doit les attraper pour les remettre ? la justice."
Et s'il n'y avait que les navires commerciaux ! Ces jours-ci, par exemple, six voiliers, dont certains fran?ais, viennent d'arriver ? Aden, au Y?men. Ils ont fait part de leur intention de traverser la zone dangereuse. "Ce sont des proies faciles pour les pirates, je l'ai dit aux skippers. Se jeter ainsi dans la gueule du loup, cela devient de la folie", temp?te le responsable militaire. Ces voiliers devaient quitter Aden la semaine prochaine. Les militaires estiment que les op?rations men?es contre les pirates du Ponant, en avril, et du Carr? d'As ont un peu dissuad? les assaillants de s'en prendre aux bateaux battant pavillon fran?ais. "On a remarqu? qu'ils h?sitaient, au moment de s'en prendre ? des objectifs fran?ais. Tant mieux", indique le vice-amiral Valin.
La mise en place, d?but d?cembre, de l'op?ration europ?enne "Atalanta" devrait soulager les efforts fran?ais. Mais ce n'est pas une solution miracle. Pour am?liorer les choses, le vice-amiral Valin fait une proposition "personnelle" : interdire la d?tention d'armes sur les bateaux croisant dans le golfe d'Aden. En attendant, le Conseil de s?curit? de l'ONU doit se prononcer sur le renouvellement de la r?solution 1816, adopt?e d?but juin pour renforcer l'action internationale contre les pirates somaliens. Le texte expire le 2 d?cembre.
G?rard Davet
AFP/ERIC CABANIS
Le Niv?se quitte le port de Djibouti pour escorter un bateau transportant des marchandises, le 25 novembre 2008.
DJIBOUTI (GOLFE D'ADEN) ENVOY? SP?CIAL
Une dizaine de navires entre les mains des pirates, 2 millions de kilom?tres carr?s de mer ? surveiller au large d'une c?te livr?e au chaos, cent trente-trois attaques recens?es depuis janvier, trente-neuf piratages effectifs... Le vice-amiral G?rard Valin, commandant les forces fran?aises dans l'oc?an Indien, se demande comment gagner la bataille contre les pirates somaliens. "Ils ont des lance-roquettes, des GPS, des t?l?phones satellite. Ils connaissent nos m?thodes, les r?glements internationaux. Ce ne sont pas des amateurs", constate-t-il, lundi 24 novembre, ? quelques heures du d?part de la fr?gate de surveillance Niv?se. Le b?timent fran?ais escortera deux navires dans le golfe d'Aden.
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"Les pirates sont entre 400 et 500 et ils font du business, c'est clair", affirme G?rard Valin. Aucun lien, assure le responsable militaire, n'a ?t? ?tabli avec des r?seaux terroristes. Certains groupes islamistes somaliens verraient d'ailleurs d'un mauvais oeil ces actes de piraterie qui ne financeraient pas la n?buleuse Al-Qaida, croit savoir le vice-amiral. "En revanche, ajoute-t-il, on sait qu'ils blanchissent l'argent des ran?ons, souvent dans les Emirats."
200 DEMANDES D'ESCORTE
Quatre navires militaires fran?ais sont dispos?s au long du rail oc?anique o? d?filent 16 000 bateaux chaque ann?e. Mais cette pr?sence couvre ? peine 4 % de la zone dangereuse. Autant dire que, pour les forces fran?aises pr?sentes ? Djibouti, la seule m?thode valable demeure l'escorte de navires commerciaux, bien plus que la patrouille au hasard. Signe de l'ins?curit? croissante, les autorit?s fran?aises ont re?u plus de 200 demandes d'escorte. Une dizaine de commandos fran?ais montent ? bord des navires escort?s afin de les s?curiser, mais les effectifs restent limit?s. En outre, il est compliqu? de diff?rencier barques de p?cheurs et embarcations pirates, et la r?glementation internationale autorise la d?tention d'armes en haute mer.
La marge de manoeuvre des militaires demeure donc ?troite. Ils ne peuvent qu'intervenir a posteriori, comme lors de la prise d'assaut du voilier fran?ais Carr?-d'As, le 16 septembre, qui se solda par un mort chez les pirates. "A chaque fois qu'on fait des morts, on fabrique des pirates ou des terroristes, avertit le vice-amiral Valin. On ne tue pas des criminels, on doit les attraper pour les remettre ? la justice."
Et s'il n'y avait que les navires commerciaux ! Ces jours-ci, par exemple, six voiliers, dont certains fran?ais, viennent d'arriver ? Aden, au Y?men. Ils ont fait part de leur intention de traverser la zone dangereuse. "Ce sont des proies faciles pour les pirates, je l'ai dit aux skippers. Se jeter ainsi dans la gueule du loup, cela devient de la folie", temp?te le responsable militaire. Ces voiliers devaient quitter Aden la semaine prochaine. Les militaires estiment que les op?rations men?es contre les pirates du Ponant, en avril, et du Carr? d'As ont un peu dissuad? les assaillants de s'en prendre aux bateaux battant pavillon fran?ais. "On a remarqu? qu'ils h?sitaient, au moment de s'en prendre ? des objectifs fran?ais. Tant mieux", indique le vice-amiral Valin.
La mise en place, d?but d?cembre, de l'op?ration europ?enne "Atalanta" devrait soulager les efforts fran?ais. Mais ce n'est pas une solution miracle. Pour am?liorer les choses, le vice-amiral Valin fait une proposition "personnelle" : interdire la d?tention d'armes sur les bateaux croisant dans le golfe d'Aden. En attendant, le Conseil de s?curit? de l'ONU doit se prononcer sur le renouvellement de la r?solution 1816, adopt?e d?but juin pour renforcer l'action internationale contre les pirates somaliens. Le texte expire le 2 d?cembre.
G?rard Davet
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