La D?claration universelle des droits de l?homme a 60 ans
? Tout a commenc? ? Nuremberg avec une investigation m?dicale ?
Entre les droits de l?homme et l??thique m?dicale, la filiation historique est directe. La publication des ? Textes fondamentaux ? (lire ci-dessous), depuis l?adoption de la d?claration universelle des droits de l?homme par l?Assembl?e g?n?rale de l?ONU, il y a 60 ans, le 10 d?cembre 1948, rappelle combien les concepts de sant? sont int?gr?s dans ceux des droits de l?homme. Pr?sident de l?Espace ?thique/AP-HP, Emmanuel Hirsch revient sur leur lien historique, avec le sursaut contre la barbarie nazie et le code de Nuremberg. Et il souligne combien chaque m?decin s?honore aujourd?hui en inscrivant sa pratique dans une r?flexion exigeante sur le respect des personnes et, en premier lieu, des plus vuln?rables.
LE QUOTIDIEN - Comment peut-on ?tablir une filiation entre la m?decine et les droits de l?homme ?
EMMANUEL HIRSCH - La d?claration de 1948, d?s les premi?res lignes de son Pr?ambule, proclame ? la dignit? inh?rente ? tous les membres de la famille humaine et leurs droits ?gaux et inali?nables ? comme ? fondement de la libert?, de la justice et de la paix dans le monde ?. Cette reconnaissance trouve son inspiration et sa l?gitimit? dans les combats men?s contre l?obscurantisme et la barbarie de la Shoah, C?est le code Nuremberg, en 1947, qui aura constitu? de ce point de vue un devoir de m?moire et un appel ? la vigilance de la communaut? internationale. Or, il faut bien se rappeler que, pour b?tir un code d??thique universel, ? Nuremberg, tout a proc?d? d?une r?alit? m?dicale, sur laquelle a ?t? men?e l?enqu?te autour des exactions commises sur les d?port?s. Ainsi s?est op?r? un sursaut des consciences. Quand on lit la d?claration des droits de l?homme de 1948, on constate que la r?flexion sur l??thique du soin et la relation ? l?autre y est tr?s pr?sente.
Soixante ans apr?s, la surabondante production de textes fondamentaux sur la question des droits est-elle l?indice que le monde a progress? dans le respect des droits de l?homme ?
C?est paradoxal : on n?a jamais produit, en effet, autant de textes et, en m?me temps, on n?a jamais proc?d? ? autant de d?r?gulations, comme si les textes ne servaient ? rien. C?est flagrant avec les r?visions des lois de bio?thique : lorsqu?on voit les divers intervenants d?battre, on a souvent l?impression qu?ils d?couvrent la bio?thique et qu?il n?y a pas eu de premi?re loi sur la question. Or, tant de textes ont ?t? produits qu?aujourd?hui les professionnels de l??thique ne les connaissent plus et les professionnels de la sant? ignorent cette richesse.
Les groupes de r?flexion ?thique s?improvisent autour d?une table pour refaire le monde sans savoir que le sujet a d?j? ?t? pens? avant eux. D?o? la n?cessit? de mettre ? la disposition des ?thiciens, et aussi des professionnels de sant?, une somme sur les textes fondamentaux, avec le rappel du contexte dans lequel ils ont ?t? ?labor?s. Sans cette m?moire, on passe ? c?t? d?un mat?riau d?une grande richesse.
Vous conseillez ? chaque m?decin d?avoir votre recueil ? c?t? du ? Vidal ? ?
C?est en effet un beau cadeau ? offrir pour No?l ? tous les gens de bonne volont? et en particulier aux m?decins : il leur permettra de v?rifier que c?est la grandeur de leur m?tier que d??tre capable de mener une r?flexion de cette qualit?. Quel autre m?tier a produit une telle somme, d?une telle densit? ? En ?thique, il n?est au fond question que de l?homme et de sa faiblesse. Le m?decin s?honore en inscrivant aujourd?hui sa pratique dans cette r?flexion exigeante sur le respect des personnes et, en premier lieu, des plus vuln?rables.
Y sont-ils form?s ?
La formation ? l??thique est dispens?e dans le cadre de la formation initiale, en premi?re ann?e. Elle fait partie des mati?res inscrites au concours.
Comment r?agissent les ?tudiants ?
Ils se passionnent quand ils voient comment la d?claration d?Helsinki a ?volu? avec le sida, le droit de la communaut? dans laquelle on r?alise une investigation ?tant davantage pris en compte, comment en mati?re de g?n?tique les avanc?es m?dicales peuvent ?tre dangereuses en mena?ant la sph?re intime de la personne. Ces textes sont de nature philosophique et ils se les approprient par les interactions qu?ils entretiennent avec l?exercice des soins, ? l?h?pital ou en lib?ral, ou avec la recherche. Ils constatent que le respect et la dignit? ne constituent en aucun cas des valeurs abstraites, mais d?coulent de notions pratiques. Ils voient comment la fonction m?dicale est au service d?un projet d?humanit?.
La pr?tention ? l?universel ne se heurte-t-elle pas aujourd?hui ? la diversit? des cultures ?
Je ne le crois pas. Prenez la d?claration d?Helsinki. Elle est tr?s r?ceptive aux sp?cificit?s culturelles. Et lorsque vous entendez tel chef d??tat oriental d?noncer les principes de la D?claration universelle des droits de l?homme en leur reprochant d??tre repr?sentatifs d?une id?ologie occidentale qui voudrait imposer ses valeurs culturelles, au m?pris des traditions et des sp?cificit?s propres ? chaque pays, des personnalit?s ?trang?res ? l?Occident lui r?pondent. Le prix Nobel de la Paix 1991, la Birmane Aung San Suu Kyi, explique ainsi tr?s bien que, loin d??tre inconciliables avec les fondements religieux auxquels son peuple est attach?, les droits de l?homme rencontrent et soutiennent une aspiration partag?e par le plus grand nombre.
? PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTIAN DELAHAYE
Le Quotidien du M?decin du : 09/12/2008
? Tout a commenc? ? Nuremberg avec une investigation m?dicale ?
Entre les droits de l?homme et l??thique m?dicale, la filiation historique est directe. La publication des ? Textes fondamentaux ? (lire ci-dessous), depuis l?adoption de la d?claration universelle des droits de l?homme par l?Assembl?e g?n?rale de l?ONU, il y a 60 ans, le 10 d?cembre 1948, rappelle combien les concepts de sant? sont int?gr?s dans ceux des droits de l?homme. Pr?sident de l?Espace ?thique/AP-HP, Emmanuel Hirsch revient sur leur lien historique, avec le sursaut contre la barbarie nazie et le code de Nuremberg. Et il souligne combien chaque m?decin s?honore aujourd?hui en inscrivant sa pratique dans une r?flexion exigeante sur le respect des personnes et, en premier lieu, des plus vuln?rables.
LE QUOTIDIEN - Comment peut-on ?tablir une filiation entre la m?decine et les droits de l?homme ?
EMMANUEL HIRSCH - La d?claration de 1948, d?s les premi?res lignes de son Pr?ambule, proclame ? la dignit? inh?rente ? tous les membres de la famille humaine et leurs droits ?gaux et inali?nables ? comme ? fondement de la libert?, de la justice et de la paix dans le monde ?. Cette reconnaissance trouve son inspiration et sa l?gitimit? dans les combats men?s contre l?obscurantisme et la barbarie de la Shoah, C?est le code Nuremberg, en 1947, qui aura constitu? de ce point de vue un devoir de m?moire et un appel ? la vigilance de la communaut? internationale. Or, il faut bien se rappeler que, pour b?tir un code d??thique universel, ? Nuremberg, tout a proc?d? d?une r?alit? m?dicale, sur laquelle a ?t? men?e l?enqu?te autour des exactions commises sur les d?port?s. Ainsi s?est op?r? un sursaut des consciences. Quand on lit la d?claration des droits de l?homme de 1948, on constate que la r?flexion sur l??thique du soin et la relation ? l?autre y est tr?s pr?sente.
Soixante ans apr?s, la surabondante production de textes fondamentaux sur la question des droits est-elle l?indice que le monde a progress? dans le respect des droits de l?homme ?
C?est paradoxal : on n?a jamais produit, en effet, autant de textes et, en m?me temps, on n?a jamais proc?d? ? autant de d?r?gulations, comme si les textes ne servaient ? rien. C?est flagrant avec les r?visions des lois de bio?thique : lorsqu?on voit les divers intervenants d?battre, on a souvent l?impression qu?ils d?couvrent la bio?thique et qu?il n?y a pas eu de premi?re loi sur la question. Or, tant de textes ont ?t? produits qu?aujourd?hui les professionnels de l??thique ne les connaissent plus et les professionnels de la sant? ignorent cette richesse.
Les groupes de r?flexion ?thique s?improvisent autour d?une table pour refaire le monde sans savoir que le sujet a d?j? ?t? pens? avant eux. D?o? la n?cessit? de mettre ? la disposition des ?thiciens, et aussi des professionnels de sant?, une somme sur les textes fondamentaux, avec le rappel du contexte dans lequel ils ont ?t? ?labor?s. Sans cette m?moire, on passe ? c?t? d?un mat?riau d?une grande richesse.
Vous conseillez ? chaque m?decin d?avoir votre recueil ? c?t? du ? Vidal ? ?
C?est en effet un beau cadeau ? offrir pour No?l ? tous les gens de bonne volont? et en particulier aux m?decins : il leur permettra de v?rifier que c?est la grandeur de leur m?tier que d??tre capable de mener une r?flexion de cette qualit?. Quel autre m?tier a produit une telle somme, d?une telle densit? ? En ?thique, il n?est au fond question que de l?homme et de sa faiblesse. Le m?decin s?honore en inscrivant aujourd?hui sa pratique dans cette r?flexion exigeante sur le respect des personnes et, en premier lieu, des plus vuln?rables.
Y sont-ils form?s ?
La formation ? l??thique est dispens?e dans le cadre de la formation initiale, en premi?re ann?e. Elle fait partie des mati?res inscrites au concours.
Comment r?agissent les ?tudiants ?
Ils se passionnent quand ils voient comment la d?claration d?Helsinki a ?volu? avec le sida, le droit de la communaut? dans laquelle on r?alise une investigation ?tant davantage pris en compte, comment en mati?re de g?n?tique les avanc?es m?dicales peuvent ?tre dangereuses en mena?ant la sph?re intime de la personne. Ces textes sont de nature philosophique et ils se les approprient par les interactions qu?ils entretiennent avec l?exercice des soins, ? l?h?pital ou en lib?ral, ou avec la recherche. Ils constatent que le respect et la dignit? ne constituent en aucun cas des valeurs abstraites, mais d?coulent de notions pratiques. Ils voient comment la fonction m?dicale est au service d?un projet d?humanit?.
La pr?tention ? l?universel ne se heurte-t-elle pas aujourd?hui ? la diversit? des cultures ?
Je ne le crois pas. Prenez la d?claration d?Helsinki. Elle est tr?s r?ceptive aux sp?cificit?s culturelles. Et lorsque vous entendez tel chef d??tat oriental d?noncer les principes de la D?claration universelle des droits de l?homme en leur reprochant d??tre repr?sentatifs d?une id?ologie occidentale qui voudrait imposer ses valeurs culturelles, au m?pris des traditions et des sp?cificit?s propres ? chaque pays, des personnalit?s ?trang?res ? l?Occident lui r?pondent. Le prix Nobel de la Paix 1991, la Birmane Aung San Suu Kyi, explique ainsi tr?s bien que, loin d??tre inconciliables avec les fondements religieux auxquels son peuple est attach?, les droits de l?homme rencontrent et soutiennent une aspiration partag?e par le plus grand nombre.
? PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTIAN DELAHAYE
Le Quotidien du M?decin du : 09/12/2008
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