Moi, Yassim, ancien p?cheur somalien, devenu pirate fortun?
Par Reuters, publi? le 19/01/2009 ? 21:20
GAROWE, Somalie - Yassim Dheere, 39 ans, a d?but? dans la piraterie il y a cinq ans, et il a vite fait fortune.
Ce g?ant, qui domine ses gardes du corps de la t?te et des ?paules, a re?u le reporter de Reuters dans sa r?sidence de Garowe, une ville de la province somalienne du Puntland, dont l'histoire au cours des si?cles est intimement li?e ? la piraterie.
V?tu d'une djellaba aussi traditionnelle que luxueuse, il a racont? son histoire tout en m?chant des feuilles de khat et en caressant sa kalachnikov.
"Je suis n? ? Eyl, o? je pratiquais la p?che. C'est apr?s l'effondrement du pouvoir central (en Somalie) que j'ai ?t? contraint de d?tourner des navires ?trangers.
"Personne ne surveillait les mers. On ne pouvait pas p?cher dans de bonnes conditions, parce que les navires qui p?chent ill?galement le long des c?tes somaliennes d?truisaient nos petites embarcations et notre mat?riel. C'est ?a qui nous a forc? ? devenir pirate.
"La premi?re fois que j'ai ?t? impliqu? dans un acte de piratage, c'?tait en 2003. Le bateau devait venir d'Arabie, l'?quipage ?tait compos? de 18 Y?m?nites. C'?tait un gros bateau de p?che, qui avait d?truit ? plusieurs reprises nos navires.
"On l'a cern? de nuit avec nos bateaux et on en a pris le contr?le en pointant nos armes sur lui. A cette ?poque, on ignorait tout des m?thodes modernes, des ?chelles, des harpons, tout ?a. Alors, on s'est approch? le plus pr?s possible et on a grimp? ? bord.
"On l'avait depuis deux semaines quand des m?diateurs somaliens et arabes nous ont approch? pour n?gocier. Ils nous ont convaincu d'accepter 50.000 dollars. Bon Dieu! C'?tait une somme colossale pour nous! ?a nous a donn? des id?es et ?a nous a ouvert l'app?tit.
"Deux de mes amis ont eu peur des cons?quences et ont renonc?. Nous, on ne se rendait pas trop compte de ce qu'on faisait, on ?tait seulement un peu inquiet de la suite des ?v?nements.
PRENDRE DU BON TEMPS
"Finalement, ma vie a totalement chang?. J'ai amass? plus d'argent que je n'aurais jamais imagin?. Sur un coup, j'ai eu 250.000 dollars. C'est fou l'argent que je me suis fait, je vous dirai pas combien. Avec ?a, je me paye des voitures, des armes et des bateaux. J'en profite aussi pour prendre du bon temps.
"Ce nouveau travail m'a caus? aussi des probl?mes. Ma vie est en danger, certains de mes coll?gues sont morts, quelquefois lors de chavirages.
"L'exp?rience la pire que j'ai v?cue, c'est quand un navire de la marine am?ricaine nous a attaqu? alors que nous chassions un bateau. Il nous a tir? dessus et a captur? certains d'entre nous. Moi et mes coll?gues, gr?ce ? nos hors-bord, on a pu s'?chapper alors que les balles sifflaient tout autour.
"J'ai ?t? emprisonn? une fois ? Garowe. Des membres de ma famille ont pris d'assaut la prison, ont tu? deux gardiens et dans l'?change de feu j'ai pu prendre la fuite avec d'autres d?tenus.
"Aujourd'hui, je reste ? Eyl. J'ai des hommes qui font le boulot pour moi. Je suis un financier, je r?cup?re l'argent. Je n'ai pas ?t? en mer pour un piratage depuis des mois.
"Mon groupe prend la mer, moi je g?re les finances. Je fournis les gars en hors-bord, en armes, tout ce dont ils ont besoin.
"Quand on prend la mer, on sait qu'on peut gagner ou perdre. Et on se m?fie terriblement des navires de guerre. On a chang? de strat?gie maintenant, on modifie notre mani?re d'attaquer dans l'Oc?an indien en utilisant du mat?riel moderne, comme le GPS pour d?tecter les navires de guerre.
"Aujourd'hui, une nouvelle g?n?ration de jeunes pirates, tr?s actifs, ?merge, tous attir?s par l'app?t du gain.
"Si les Nations unies donnent leur feu vert ? un droit de suite ? terre en Somalie, cela ne fera que provoquer la mort de nombreux Somaliens innocents. Ils ne peuvent pas nous diff?rencier des Somaliens ordinaires, on s'habille pareil.
"La piraterie, elle ne s'arr?tera pas tant qu'on aura pas un vrai gouvernement en Somalie".
Abdikani Hassan, version fran?aise Pascal Li?tout
Par Reuters, publi? le 19/01/2009 ? 21:20
GAROWE, Somalie - Yassim Dheere, 39 ans, a d?but? dans la piraterie il y a cinq ans, et il a vite fait fortune.
Ce g?ant, qui domine ses gardes du corps de la t?te et des ?paules, a re?u le reporter de Reuters dans sa r?sidence de Garowe, une ville de la province somalienne du Puntland, dont l'histoire au cours des si?cles est intimement li?e ? la piraterie.
V?tu d'une djellaba aussi traditionnelle que luxueuse, il a racont? son histoire tout en m?chant des feuilles de khat et en caressant sa kalachnikov.
"Je suis n? ? Eyl, o? je pratiquais la p?che. C'est apr?s l'effondrement du pouvoir central (en Somalie) que j'ai ?t? contraint de d?tourner des navires ?trangers.
"Personne ne surveillait les mers. On ne pouvait pas p?cher dans de bonnes conditions, parce que les navires qui p?chent ill?galement le long des c?tes somaliennes d?truisaient nos petites embarcations et notre mat?riel. C'est ?a qui nous a forc? ? devenir pirate.
"La premi?re fois que j'ai ?t? impliqu? dans un acte de piratage, c'?tait en 2003. Le bateau devait venir d'Arabie, l'?quipage ?tait compos? de 18 Y?m?nites. C'?tait un gros bateau de p?che, qui avait d?truit ? plusieurs reprises nos navires.
"On l'a cern? de nuit avec nos bateaux et on en a pris le contr?le en pointant nos armes sur lui. A cette ?poque, on ignorait tout des m?thodes modernes, des ?chelles, des harpons, tout ?a. Alors, on s'est approch? le plus pr?s possible et on a grimp? ? bord.
"On l'avait depuis deux semaines quand des m?diateurs somaliens et arabes nous ont approch? pour n?gocier. Ils nous ont convaincu d'accepter 50.000 dollars. Bon Dieu! C'?tait une somme colossale pour nous! ?a nous a donn? des id?es et ?a nous a ouvert l'app?tit.
"Deux de mes amis ont eu peur des cons?quences et ont renonc?. Nous, on ne se rendait pas trop compte de ce qu'on faisait, on ?tait seulement un peu inquiet de la suite des ?v?nements.
PRENDRE DU BON TEMPS
"Finalement, ma vie a totalement chang?. J'ai amass? plus d'argent que je n'aurais jamais imagin?. Sur un coup, j'ai eu 250.000 dollars. C'est fou l'argent que je me suis fait, je vous dirai pas combien. Avec ?a, je me paye des voitures, des armes et des bateaux. J'en profite aussi pour prendre du bon temps.
"Ce nouveau travail m'a caus? aussi des probl?mes. Ma vie est en danger, certains de mes coll?gues sont morts, quelquefois lors de chavirages.
"L'exp?rience la pire que j'ai v?cue, c'est quand un navire de la marine am?ricaine nous a attaqu? alors que nous chassions un bateau. Il nous a tir? dessus et a captur? certains d'entre nous. Moi et mes coll?gues, gr?ce ? nos hors-bord, on a pu s'?chapper alors que les balles sifflaient tout autour.
"J'ai ?t? emprisonn? une fois ? Garowe. Des membres de ma famille ont pris d'assaut la prison, ont tu? deux gardiens et dans l'?change de feu j'ai pu prendre la fuite avec d'autres d?tenus.
"Aujourd'hui, je reste ? Eyl. J'ai des hommes qui font le boulot pour moi. Je suis un financier, je r?cup?re l'argent. Je n'ai pas ?t? en mer pour un piratage depuis des mois.
"Mon groupe prend la mer, moi je g?re les finances. Je fournis les gars en hors-bord, en armes, tout ce dont ils ont besoin.
"Quand on prend la mer, on sait qu'on peut gagner ou perdre. Et on se m?fie terriblement des navires de guerre. On a chang? de strat?gie maintenant, on modifie notre mani?re d'attaquer dans l'Oc?an indien en utilisant du mat?riel moderne, comme le GPS pour d?tecter les navires de guerre.
"Aujourd'hui, une nouvelle g?n?ration de jeunes pirates, tr?s actifs, ?merge, tous attir?s par l'app?t du gain.
"Si les Nations unies donnent leur feu vert ? un droit de suite ? terre en Somalie, cela ne fera que provoquer la mort de nombreux Somaliens innocents. Ils ne peuvent pas nous diff?rencier des Somaliens ordinaires, on s'habille pareil.
"La piraterie, elle ne s'arr?tera pas tant qu'on aura pas un vrai gouvernement en Somalie".
Abdikani Hassan, version fran?aise Pascal Li?tout
Comment