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Publi? le 06 juin 2009 ? 08h14 | Mis ? jour ? 08h15
Un ministre en observation
<!-- END .centerbar --><TABLE class=minithumb-auteurs cellSpacing=0><TBODY><TR><TD>
</TD><TD vAlign=center>Vincent Marissal
La
Presse
</TD></TR></TBODY></TABLE>Pour un m?decin, Yves Bolduc vit plut?t dangereusement.
Tous les toubibs vous le diront: le stress, ? trop forte dose, est extr?mement n?faste pour le corps et l'esprit. Et du stress, le ministre de la Sant? en a eu une triple dose cette semaine.
Par moments, au cours des derniers jours, on avait l'impression que le Dr Bolduc ?tait sur le point de d?faillir tellement la pression ?tait forte.
Apr?s un tel ?pisode, la question se pose (et elle est sur toutes les l?vres dans les milieux de la sant? et de la politique): Yves Bolduc a-t-il la couenne assez dure pour diriger cet ?puisant minist?re?
Lorsqu'on a un grave probl?me de sant?, la derni?re chose dont on a besoin, c'est de sentir que son m?decin panique, qu'il ne sait plus comment r?agir. ? plus forte raison, lorsque toute une population est inqui?te, elle ne peut ?tre rassur?e si le patron des m?decins est lui-m?me d?pass? par les ?v?nements.
? la lumi?re de sa performance des derniers jours, on peut se demander comment r?agirait Yves Bolduc en cas de crise grave, un nouveau SRAS ou une grippe porcine, par exemple. Ou m?me comment il survivra ? la saga du CHUM, un chapelet de crises que l'on ?gr?ne depuis une bonne d?cennie.
? l'Assembl?e nationale, le d?put? ad?quiste ?ric Caire n'a pas mis de gants blancs pour affirmer: ?Yves Bolduc n'a pas les capacit?s pour occuper le poste de ministre de la Sant?.?
La charge ?tait violente - mettez cela sur le compte de l'effervescence typique des fins de session parlementaire - mais il se trouve, dans le r?seau de la sant?, quelques d?tracteurs tout aussi s?v?res envers M. Bolduc.
Il serait toutefois faux de dire que le ministre a perdu la confiance du milieu puisqu'il compte aussi des alli?s sinc?res.
Une s?rie d'entrevues faites ces derniers jours et une vilaine fracture ? un doigt qui m'oblige ? fr?quenter le CHUM depuis quelques semaines (excellents soins, j'insiste pour le dire) m'ont permis de constater que le ministre Bolduc recueille plus de sympathie que de condamnations.
Tout le monde s'entend sur une chose: ministre de la Sant? au Qu?bec, c'est un des pires jobs, juste apr?s celui d'entra?neur du Canadien! Et, comme pour les discussions enflamm?es et les d?bats sur l'ordre des trios dans le Canadien, l'affaire des tests de cancer du sein a pris de proportions surr?alistes, estime-t-on g?n?ralement dans le milieu.
Avant de crucifier le Dr Bolduc, la plupart des gens ? qui j'ai parl? sont pr?ts ? lui donner une autre chance.
C'est le cas notamment du Dr Paul Perrotte, pr?sident du conseil des m?decins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CHUM.
?Pour le dossier du CHUM, il nous a ?cout?s et il a pris les bonnes d?cisions, qui ont peut-?tre enfin permis de d?bloquer, dit le Dr Perrotte. Pour le CHUM, je lui donne A. Pour le reste, les urgences par exemple, il a un job difficile et il ne fait pas pire que les autres.?
Voil? qui r?sume assez fid?lement le sentiment r?pandu chez les partisans de la deuxi?me chance. D'autres, par contre, sont beaucoup moins indulgents.
??a prend un gestionnaire hors pair ? la t?te de ce minist?re, ce que n'est pas Yves Bolduc, tranche un acteur important du monde de la sant? sous le couvert de l'anonymat. C'est comme si on avait catapult? un midget au poste de directeur g?n?ral d'une ?quipe de la Ligue nationale. Une ?quipe qui a plein de probl?mes, en plus.?
Les d?tracteurs du Dr Bolduc lui reprochent son manque d'?coute, son manque d'exp?rience et une certaine suffisance.
?Il commence ses interventions par: ?Je le sais, je suis m?decin? et il les finit par: ?C'est moi le ministre.? On ne peut pas discuter avec un gars comme ?a?, ajoute une autre source du milieu.
L'affaire des tests du cancer du sein a fait beaucoup de bruit depuis 10 jours, mais pour ses opposants, le ministre Bolduc ?tait d?j? en observation depuis un an.
Tout a commenc? quelques jours apr?s sa nomination, lorsqu'il a cong?di? l'ancien directeur du CHUM, Denis Roy, une d?cision cavali?re et intempestive, selon certains.
Puis les fuites et les tergiversations entourant le projet du CHUM ont accentu? l'exasp?ration, qui a culmin? par la volte-face du ministre sur le service d'ophtalmologie, en mars. Ce service devait fonctionner en centre m?dical sp?cialis? associ?, ? l'ext?rieur du CHUM, mais il a finalement ?t? r?int?gr?, au grand m?contentement des ophtalmologistes.
?Ce dossier-l? a ?t? un gros pav? dans la mare, avoue le Dr Perrotte. Le ministre a r?agi ? minuit moins une et cela a cr?? beaucoup de remous.?
Il faut dire, ? la d?charge du ministre Bolduc, que le milieu de la sant?, en particulier le milieu m?dical, est r?put? impitoyable envers son ministre.
D?s son arriv?e, Yves Bolduc s'est attir? critiques et railleries dans le r?seau ? cause de ses r?f?rences ? la ?m?thode Toyota?, parce qu'il vient d'une r?gion et non de Montr?al ou parce qu'il est omnipraticien et non pas sp?cialiste.
Il faut dire aussi que M. Bolduc a d? chausser les souliers de Philippe Couillard, recordman de long?vit? ? ce poste casse-gueule et mod?le de calme et de contr?le. N?cessairement, on compare.
Pour survivre ? ce poste, Yves Bolduc devra apprendre ? g?rer les crises - et son stress. En attendant, il trouvera peut-?tre un peu de r?confort du c?t? de Nietzsche, qui disait que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.
Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca
Un ministre en observation
<!-- END .centerbar --><TABLE class=minithumb-auteurs cellSpacing=0><TBODY><TR><TD>
</TD><TD vAlign=center>Vincent MarissalLa
Presse
</TD></TR></TBODY></TABLE>Pour un m?decin, Yves Bolduc vit plut?t dangereusement.
Tous les toubibs vous le diront: le stress, ? trop forte dose, est extr?mement n?faste pour le corps et l'esprit. Et du stress, le ministre de la Sant? en a eu une triple dose cette semaine.
Par moments, au cours des derniers jours, on avait l'impression que le Dr Bolduc ?tait sur le point de d?faillir tellement la pression ?tait forte.
Apr?s un tel ?pisode, la question se pose (et elle est sur toutes les l?vres dans les milieux de la sant? et de la politique): Yves Bolduc a-t-il la couenne assez dure pour diriger cet ?puisant minist?re?
Lorsqu'on a un grave probl?me de sant?, la derni?re chose dont on a besoin, c'est de sentir que son m?decin panique, qu'il ne sait plus comment r?agir. ? plus forte raison, lorsque toute une population est inqui?te, elle ne peut ?tre rassur?e si le patron des m?decins est lui-m?me d?pass? par les ?v?nements.
? la lumi?re de sa performance des derniers jours, on peut se demander comment r?agirait Yves Bolduc en cas de crise grave, un nouveau SRAS ou une grippe porcine, par exemple. Ou m?me comment il survivra ? la saga du CHUM, un chapelet de crises que l'on ?gr?ne depuis une bonne d?cennie.
? l'Assembl?e nationale, le d?put? ad?quiste ?ric Caire n'a pas mis de gants blancs pour affirmer: ?Yves Bolduc n'a pas les capacit?s pour occuper le poste de ministre de la Sant?.?
La charge ?tait violente - mettez cela sur le compte de l'effervescence typique des fins de session parlementaire - mais il se trouve, dans le r?seau de la sant?, quelques d?tracteurs tout aussi s?v?res envers M. Bolduc.
Il serait toutefois faux de dire que le ministre a perdu la confiance du milieu puisqu'il compte aussi des alli?s sinc?res.
Une s?rie d'entrevues faites ces derniers jours et une vilaine fracture ? un doigt qui m'oblige ? fr?quenter le CHUM depuis quelques semaines (excellents soins, j'insiste pour le dire) m'ont permis de constater que le ministre Bolduc recueille plus de sympathie que de condamnations.
Tout le monde s'entend sur une chose: ministre de la Sant? au Qu?bec, c'est un des pires jobs, juste apr?s celui d'entra?neur du Canadien! Et, comme pour les discussions enflamm?es et les d?bats sur l'ordre des trios dans le Canadien, l'affaire des tests de cancer du sein a pris de proportions surr?alistes, estime-t-on g?n?ralement dans le milieu.
Avant de crucifier le Dr Bolduc, la plupart des gens ? qui j'ai parl? sont pr?ts ? lui donner une autre chance.
C'est le cas notamment du Dr Paul Perrotte, pr?sident du conseil des m?decins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CHUM.
?Pour le dossier du CHUM, il nous a ?cout?s et il a pris les bonnes d?cisions, qui ont peut-?tre enfin permis de d?bloquer, dit le Dr Perrotte. Pour le CHUM, je lui donne A. Pour le reste, les urgences par exemple, il a un job difficile et il ne fait pas pire que les autres.?
Voil? qui r?sume assez fid?lement le sentiment r?pandu chez les partisans de la deuxi?me chance. D'autres, par contre, sont beaucoup moins indulgents.
??a prend un gestionnaire hors pair ? la t?te de ce minist?re, ce que n'est pas Yves Bolduc, tranche un acteur important du monde de la sant? sous le couvert de l'anonymat. C'est comme si on avait catapult? un midget au poste de directeur g?n?ral d'une ?quipe de la Ligue nationale. Une ?quipe qui a plein de probl?mes, en plus.?
Les d?tracteurs du Dr Bolduc lui reprochent son manque d'?coute, son manque d'exp?rience et une certaine suffisance.
?Il commence ses interventions par: ?Je le sais, je suis m?decin? et il les finit par: ?C'est moi le ministre.? On ne peut pas discuter avec un gars comme ?a?, ajoute une autre source du milieu.
L'affaire des tests du cancer du sein a fait beaucoup de bruit depuis 10 jours, mais pour ses opposants, le ministre Bolduc ?tait d?j? en observation depuis un an.
Tout a commenc? quelques jours apr?s sa nomination, lorsqu'il a cong?di? l'ancien directeur du CHUM, Denis Roy, une d?cision cavali?re et intempestive, selon certains.
Puis les fuites et les tergiversations entourant le projet du CHUM ont accentu? l'exasp?ration, qui a culmin? par la volte-face du ministre sur le service d'ophtalmologie, en mars. Ce service devait fonctionner en centre m?dical sp?cialis? associ?, ? l'ext?rieur du CHUM, mais il a finalement ?t? r?int?gr?, au grand m?contentement des ophtalmologistes.
?Ce dossier-l? a ?t? un gros pav? dans la mare, avoue le Dr Perrotte. Le ministre a r?agi ? minuit moins une et cela a cr?? beaucoup de remous.?
Il faut dire, ? la d?charge du ministre Bolduc, que le milieu de la sant?, en particulier le milieu m?dical, est r?put? impitoyable envers son ministre.
D?s son arriv?e, Yves Bolduc s'est attir? critiques et railleries dans le r?seau ? cause de ses r?f?rences ? la ?m?thode Toyota?, parce qu'il vient d'une r?gion et non de Montr?al ou parce qu'il est omnipraticien et non pas sp?cialiste.
Il faut dire aussi que M. Bolduc a d? chausser les souliers de Philippe Couillard, recordman de long?vit? ? ce poste casse-gueule et mod?le de calme et de contr?le. N?cessairement, on compare.
Pour survivre ? ce poste, Yves Bolduc devra apprendre ? g?rer les crises - et son stress. En attendant, il trouvera peut-?tre un peu de r?confort du c?t? de Nietzsche, qui disait que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.
Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca