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?thique de la grippe aviaire

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  • ?thique de la grippe aviaire

    Cette analyse ? saveur philosophique, bien que publi?e l'an dernier, est plus que jamais d'actualit?. L'auteur soul?ve l'argument que "seule une s?rie de valeurs morales partag?es est de nature ? pr?server une coh?sion sociale" en cas de pand?mie. Malheureusement, il est d?plorable de constater que peu d'efforts en ce sens sont actuellement d?ploy?s dans les pr?paratifs ? l'?chelle plan?taire...


    ANALYSE: ?THIQUE ET GRIPPE AVIAIRE
    par Jean-Yves Nau (Le Monde)
    Publi? le 6 d?cembre 2005 ? Mis ? jour le 11 janvier 2006

    Les grandes crises sanitaires ont un impact qui d?passe de beaucoup leur dimension m?dicale et scientifique. Celle de la grippe aviaire en fournit aujourd'hui une nouvelle et ?clairante d?monstration qui modifie le regard habituellement port? sur la grippe.

    En d?pit d'un affaiblissement croissant des r?f?rences religieuses collectives dans les pays occidentaux, les trois pand?mies grippales meurtri?res du XXe si?cle avaient g?n?ralement ?t? per?ues comme l'expression d'une forme de fatalit?, un fl?au infectieux frappant une humanit? impuissante. L'?quivalent pand?mique qui ?mergera ? un moment ou ? un autre du XXIe si?cle sera immanquablement per?u d'une tout autre mani?re. La fatalit? ne sera plus alors d'actualit?, et l'on voudra imp?rativement comprendre pourquoi un mal tant annonc? n'aura pas pu ?tre pr?venu. Cette pand?mie sera pourtant bien, comme les pr?c?dentes, la simple et tragique cons?quence d'une succession de mutations g?n?tiques transformant un virus banal en un agent pathog?ne hautement virulent ayant acquis la capacit? d'infecter ais?ment l'organisme humain tout en devenant hautement contagieux au sein de notre esp?ce.

    Pourquoi d?s lors s'attendre ? des r?actions ? ce point radicalement diff?rentes? Sans doute parce que l'on ne pourra plus, ? l'avenir, faire l'?conomie de la somme des progr?s accomplis dans le champ de la virologie fondamentale et de l'?pid?miologie, mais aussi de la vaccinologie et de la pharmacologie. Mais sans doute aussi parce qu'il faut d?sormais composer avec le recours de plus en plus fr?quent et multiforme qui est fait, du moins dans les soci?t?s occidentales, au concept du principe de pr?caution.

    Ce principe est depuis peu omnipr?sent chez les responsables des organisations onusiennes charg?s des questions sanitaires, ? commencer par ceux de l'Organisation mondiale de la sant? (OMS). Depuis pr?s de deux ans, ils lancent de mani?re r?it?r?e des alertes ? la pand?mie grippale sans pour autant fournir des ?l?ments scientifiques document?s justifiant une telle attitude. Comme on pouvait ais?ment le pr?voir, ces diff?rentes alertes, m?diatiquement relay?es ? l'?chelon plan?taire, n'ont pas ?t? sans cons?quences. Elles ont pouss? quelques dizaines de pays industriels ? consacrer des sommes importantes ? ce risque et ? d?velopper des plans nationaux d?finissant les principaux chapitres de la lutte pr?ventive. Elles ont ?galement conduit ? prendre, une nouvelle fois, la mesure de ce qui s?pare le Sud du Nord, y compris lorsqu'il s'agit de menaces sanitaires. Parce qu'elles ignorent fronti?res et latitudes, elles devraient imposer les rapprochements des ?nergies et le partage des ressources.

    Pour l'heure, l'espoir r?side dans la r?union internationale qui se tiendra mi-janvier ? P?kin et au cours de laquelle diff?rents bailleurs de fonds devraient, sous l'?gide de la Banque mondiale, r?unir 1 milliard de dollars pour soutenir l'action des pays asiatiques les plus touch?s par l'actuelle ?pizootie. Exp?rience aidant, tous les sp?cialistes v?t?rinaires, ceux de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) comme ceux de l'Organisation mondiale de la sant? animale (OIE), expliquent que la mise en oeuvre syst?matique de quelques mesures sanitaires permettrait, ? terme, d'?radiquer le virus H5N1. Il s'agit ici d'abattre toutes les volailles des foyers ?pizootiques et, si cette mesure ne suffit pas, de proc?der ? la vaccination g?n?ralis?e des oiseaux domestiques.

    En pratique, la premi?re mesure ne peut effectivement ?tre mise en oeuvre que si les ?leveurs ont l'assurance de recevoir une compensation financi?re imm?diate, et la seconde suppose de pouvoir disposer d'une production vaccinale industrielle de qualit? et de la main-d'?uvre n?cessaire pour une t?che d'envergure. Pour les responsables de l'OIE, l'utilisation judicieuse du milliard de dollars ? venir devrait permettre d'agir efficacement et ainsi de fournir une solution ? ce probl?me d'ordre ?thique qui voyait jusqu'? pr?sent le Nord d?penser sans compter pour se prot?ger contre un risque qui, ? moindre co?t, peut ?tre ?touff? chez l'animal.

    Pr?server une coh?sion sociale
    Mais, d'ores et d?j?, d'autres questions d'ordre moral se posent, comme vient de l'exposer un groupe de chercheurs canadiens du centre de bio?thique de l'universit? de Toronto. Ils font valoir que les plans nationaux de lutte contre une future pand?mie de grippe devraient imp?rativement int?grer une dimension ?thique aujourd'hui absente alors m?me qu'elle est indispensable ? la poursuite de la vie en collectivit?. Ces chercheurs nourrissent leur r?flexion de leur r?cente exp?rience de l'?pid?mie de SRAS (syndrome respiratoire aigu s?v?re), qui avait fait 44 morts, en 2003, ? Toronto. Ils expliquent avoir, ? cette occasion, r?alis? que, face ? une maladie contagieuse et potentiellement mortelle, "seule une s?rie de valeurs morales partag?es" est de nature ? pr?server une coh?sion sociale.

    Ils estiment aussi que les mesures "justes et ?quitables" devraient ?tre publiquement discut?es et clairement affich?es. A elle seule une question r?sume la somme des difficult?s ? venir: en cas de pand?mie, comment seront distribu?s et utilis?s les m?dicaments antiviraux stock?s ? grand prix dans une cinquantaine de pays occidentaux? ? qui seront prioritairement destin?es les millions de doses de Tamiflu et de Relenza achet?es aux multinationales pharmaceutiques Roche et ? GlaxoSmithKline? Aux personnes ayant d?j? contract? l'infection? Ou, ? titre pr?ventif, aux personnes dont l'activit? est essentielle ? la survie de la collectivit??

    En France ? pays qui, selon l'OMS, s'est dot? de l'un des meilleurs programmes de lutte pr?ventive ?, les autorit?s sanitaires peinent ? r?pondre. Dans le dernier num?ro de La Revue du praticien, ces m?mes autorit?s incitent les professionnels de sant? ? s'?quiper, d?s maintenant, du mat?riel n?cessaire (masques pour eux et leurs patients, lunettes de protection) et pr?viennent que, en cas de pand?mie, ils seront "amen?s ? prendre en charge, pendant douze semaines, plusieurs millions de malades dans des conditions difficiles".

    Les chercheurs de Toronto font, quant ? eux, valoir que les m?decins, les infirmi?res et les autres personnels soignants ne pourront se consacrer ? leur t?che que s'ils ont l'assurance de pouvoir, le moment venu, disposer des meilleures mesures de protection mais aussi de b?n?ficier d'un syst?me d'assurance-vie sp?cifique pour leurs familles. Si cette exigence ?thique n'?tait pas remplie, le bilan de l'?ventuelle catastrophe sanitaire n'en serait que plus effroyable.

    Source

  • #2
    ?thique de la grippe aviaire

    Dans un des fils de discussion du c?t? anglophone de ce site, Gogu a indiqu? dans son journal le 9 juin dernier "I have talked until I am blue in the face about the need to begin preparing. I have become sick of it to the point of not talking about it anymore. That is a very sad thing and I am sure many of you feel the same way." [ma traduction: "J'ai parl? du besoin d'?tre pr?par? [pour la pand?mie] au point d'en devenir bleu d'essoufflement. J'en suis tellement devenu malade que je n'en parle plus ? qui que ce soit. C'est vraiment dommage et je suis certain que plusieurs d'entre vous se sentent pareil".] Cette image d'une personne en train de devenir bleue ? force de s'?poumoner m'a fait sourire et le commentaire m'a frapp?.

    J'ai v?cu des exp?riences semblables dans mon entourage moi aussi. C'est pourquoi cette question d'?thique de la grippe aviaire me pr?occupe beaucoup et j'y r?fl?chis de plus en plus depuis plusieurs semaines. Pourquoi la population ne r?agit-elle pas davantage aux nouvelles d'une possible menace de pand?mie? Pourquoi la plupart des gens ne sentent-ils pas l'urgence de se pr?parer?

    Peut-?tre que si le sujet ?tait plus pr?sent dans les actualit?s t?l?vis?es et dans la presse ?crite, ?a aiderait un peu. Mais il y plus que cela. Le malaise est ancr? beaucoup plus profond?ment.

    J'ai trouv? un semblant de r?ponse par hasard il y a deux semaines lorsque j'ai relu un des bouquins de ma biblioth?que. Dans son livre "La M?lancolique d?mocratie" (Seuil 1990), le sociologue et philosophe Pascal Bruckner affirme avec brio "qu'? force de vivre sans ennemi, les grandes d?mocraties risquaient de devenir compl?tement amorphes. Ayant perdu le r?flexe de se d?fendre, les citoyens sombreraient alors dans une sorte de coma apathique, tournant le dos au social et ne s'int?ressant qu'? leur confort, qu'? leur vie personnelle." Bruckner est un de mes auteurs favoris, je trouve ses essais fort passionnants. J'ai presque lu tout ce qu'il a publi?. Bien qu'il se soit ?coul? plus de 15 ann?es depuis la parution de "La M?lancolique d?mocratie", il semble bien que les grandes d?mocraties n'aient pas tellement chang? depuis!

    L'article de Jean-Yves Nau publi? dans Le Monde (affich? dans ce fil de discussion) apporte d'autres arguments ? l'?thique de la grippe aviaire. C'est pour cette raison que j'ai tenu ? l'afficher dans ce site. J'esp?re que vous serez nombreux ? r?agir ? ce sujet...

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    • #3
      ?thique de la grippe aviaire

      "Plus les gens sont individualistes, plus ils revendiquent de l'?tat; c'est d'un m?me geste qu'ils attendent de lui et le respect de leur autonomie et une protection accrue", indique Pascal Bruckner dans "La M?lancolique d?mocratie".

      Jusqu'? pr?sent, nous avons entendu beaucoup parler des plans de pr?vention des gouvernements d'? peu pr?s tous les pays du monde. Mais qu'en est-il des plans individuels? Peut-on vraiment esp?rer ?tre "sauv?(e)" et prot?g?(e) par les mesures collectives?

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      • #4
        ?thique de la grippe aviaire

        L'article ci-dessous, paru en juin dernier dans la publication RND, ?dit?e par les Caisses populaires Desjardins du Qu?bec, pr?sente la pens?e "libertaire" des "Libertariens" (voir la d?finition indiqu?e dans le texte), qui s'apparente bien ? mon avis avec celle des FluTrackers. Et naturellement, il y avait une citation de l'?minent philosophe et sociologue Pascal Bruckner (mon auteur favori), et cela m'a fait encore plus craquer! Individu vs soci?t?: That is the Question... L? se trouve tout le dilemne actuel du clan des pr?par?s ? toute ?ventualit? (ils se responsabilisent) versus de ceux qui n'en ont rien ? cirer de la menace d'une pand?mie ?ventuelle (ils comptent sur l'?tat pour les "sauver"). Cet article comporte de nombreux arguments et points de r?flexion int?ressants. ? lire!


        Le sociologue philosophe Pascal Bruckner. Source.

        ***


        LA LIBERT? ? TOUT PRIX!
        Par Danielle Stanton
        RND (R?fl?chir, Nourrir, D?couvrir), Juin 2006, Vol. 104, no. 6

        Sommes-nous vraiment responsables de tout? Certains croient, au contraire, que l??tat et la soci?t? nous ont pris en charge si longtemps que nous avons perdu l?habitude de nous assumer pleinement. L?envers de la m?daille.

        Plus de responsabilit?s aux individus, moins ? l??tat: le credo trouve de plus en plus d?adeptes dans des formations politiques et des groupes sociaux. Les ?libertariens? constituent sans aucun doute le mouvement le plus repr?sentatif de cette id?ologie qui, si elle ?tait appliqu?e, augmenterait encore la pression sur l?individu-roi. Que s?est-il donc pass? pour qu?une telle philosophie trouve de plus en plus ?cho?

        Un ?norme virage a ?t? r?alis? au cours des trente derni?res ann?es, explique le psychosociologue Pascal Galvani. ?Rappelez-vous les ann?es 70: f?minisme, guerre du Vietnam, droits civiques. L?id?ologie marxiste battait son plein, nous militions pour mille et une causes. Socialement, nous nous sentions responsables de tout, mais individuellement, nous ne l??tions d?absolument rien. Si nous avions des torts ou des tares, c??tait la faute des parents, des rapports de classe, bref, de tout le monde, sauf de nous.?

        Au cours des ann?es 80, le renversement s?amorce. Les valeurs pr?n?es par le mouvement hippie (chacun est libre de faire ce qu?il veut) et par le n?olib?ralisme montant (chacun doit devenir un self-made man) se sont, ?trangement, renforc?es les unes les autres, sur fond d?individualisme triomphant.

        Les libertariens
        Les libertariens sont inclassables, et les personnes non averties (?) ont t?t fait de les classer, par ignorance, tant?t ? l?extr?me-gauche (anarchisme, refus des lois, d?fense intransigeante des libert?s), tant?t ? l?extr?me-droite (libert? du port d?armes, d?fense intransigeante de la propri?t? et de l?entreprise priv?e, refus de l?assistanat ?tatique). Le libertarisme est un r?alit? anti-politique, pour lui la politique ne diff?re pas de l?esclavagisme. (https://<a href="http://liberalis.ov...blog.com/</a>)


        La mont?e actuelle du mouvement libertarien s?inscrit dans cette mouvance. La philosophie qui anime les libertariens pourrait ?tre r?sum?e ainsi: la libert? individuelle est la valeur fondamentale qui doit sous-entendre les rapports sociaux, les ?changes ?conomiques et le syst?me politique; chacun doit ?tre libre, assumer ses responsabilit?s et vivre avec les cons?quences de ses actes.

        Comment cette philosophie extr?miste se traduit-elle concr?tement? Martin Masse, directeur du journal virtuel d?all?geance libertarienne Le Qu?b?cois libre, explique: ?Prenons l?exemple de l?ob?sit?: voil? bien un probl?me individuel. Mais parce qu?il est r?pandu, on en a fait un probl?me collectif; ? l??tat d?y voir. Je m?excuse, mais si vous ?tes ob?se, c?est ? vous de manger moins et de faire de l?exercice! La soci?t? n?a pas ? assumer vos exc?s. La sant? devrait ?tre une affaire priv?e et on devrait avoir des primes d?assurance en fonction des efforts que l?on fait pour la garder. Je parle ici de sant?, mais il en va ainsi pour tout. Hier, il existait un lien entre nos gestes et leurs effets. Aujourd?hui, quoi qu?on fasse, on compte sur la soci?t? pour r?parer les pots cass?s?.

        L?air du temps est ? la d?responsabilisation, juge M. Masse. ?Une usine menace de fermer et de mettre ? pied 40 employ?s. On s?attend ? ce que le gouvernement intervienne pour emp?cher l?in?vitable. On a oubli? que les fermetures sont possibles, elles font partie de l??volution normale des choses. Sinon, il n?y a pas de progr?s.? Nous d?lester de nos responsabilit?s fondamentales, c?est faire de nous des victimes, poursuit-il. ?On a perdu tout contr?le sur nos vies. Si nos anc?tres avaient ?t? autant en attente, ils n?auraient pas surv?cu.?

        Il peut ?tre normal que les gens se sentent parfois ?cras?e sous trop de choix, trop de responsabilit?s. ?La pression est parfois tr?s forte, admet-il sans probl?me. Mais ce n?est ni au gouvernement, ni ? une instance quelconque de la g?rer. Il appartient ? chacun de faire ses choix et d??tablir ses priorit?s. Nous ressentons parfois de la culpabilit? de ne pas avoir fait ceci ou cela? Mais oui, il faut parfois se sentir coupable! Sinon, dites-moi, qu?est-ce qui nous poussera ? changer de comportement??

        Soit, mais un tel programme ne nous con****e-t-il pas ? ?tre des surhommes ou des surfemmes? ?Aucunement. Sauf que nous avons ?t? pris en charge si longtemps que nous avons perdu l?habitude de nous assumer pleinement. Revenons un peu plus au bon vieux dicton ?Aide-toi et le ciel t?aidera?. La formule est peut-?tre un peu d?su?te, mais le fond reste vrai.?

        Tout le monde ne part par ? chances ?gales dans la vie, convient cependant M. Masse. ?On doit accepter ce fait, dans une certaine mesure du moins; il ne sera jamais possible de vivre dans une soci?t? parfait. Cela dit, aujoud?hui les v?ritables d?munis sont bien moins nombreux que certains organismes int?ress?s voudraient nous le faire croire. Sous pr?texte d?aider cette minorit?, on met en place des programmes sociaux mur ? mur qui contribuent ? infantiliser et ? d?responsabiliser tout le monde. C?est absurde, co?teux et injustifi?.?

        La solidarit? sociale serait peut-?tre plus forte s?il en ?tait autrement, estime d?ailleurs le repr?sentant libertarien. ?Nous nous croyons solidaires, mais certains chiffres prouvent le contraire: c?est au Qu?bec que la philanthropie est la moins d?velopp?e au Canada. Normal! Comme nous payons des taxes et des imp?ts ?lev?s, notre raisonnement est simple: que l??tat s?occupe d?aider ceux qui en ont besoin. Dans la mesure o? nous vivons une solidarit? impos?e, nous devenons individuellement de moins en moins solidaires.?

        Cela dit, la responsabilisation a ses limites. ?On nous d?responsabilise individuellement, mais en m?me temps, les groupes de pression et la surinformation nous font sentir responsables de tous les malheurs de la plan?te et de ses habitants. Un instant. Porter le poids du monde sur ses ?paules, c?est trop lourd. Pire, c?est extr?mement d?mobilisateur. Commen?ons plut?t par ?tre pleinement responsables de nous-m?mes et, j?en suis convaincu, nous r?glerons ainsi une bonne part de nos maux sociaux.?

        Quelle est l?influence r?elle du mouvement libertarien? Impossible de la mesurer. On peut avance, sans se tromper, qu?il s?agit d?une excroissance de la droite, comme l??tait pour la gauche le mouvement anti-capitaliste ? avec toutes ses franges marxistes, socialistes ou r?volutionnaires ? dans le Qu?bec des ann?es 70. Il n?en indique pas moins une tendance vers la droite, vers une plus grande responsabilisation de l?individu, que l?on retrouve ? des degr?s divers dans le Qu?bec d?aujourd?hui.


        Pascal Bruckner, L?Euphorie perp?tuelle (Grasset)
        ?Ce fut la grande utopie des ann?es 60 que de d?cr?ter la jouissance perp?tuelle, l??tat de bonheur permanent. (?) Les ennemis de l?ennui adoptent dans l?ordre de la jouissance une logique du rendement qui est celle du syst?me industriel. Dans les deux cas, il faut tout maximiser, tout soumettre ? l?imp?ratif de rentabilit?. Les volupt?s, comme la production, ne sauraient tol?rer le moindre entracte.?


        Quelques statistiques
        Travailler, c?est trop dur? Au Canada, les heures de travail sont pass?es de 42 heures (1991) ? 45 heures (2001).

        Le nombre de travailleurs ?prouvant une satisfaction professionnelle ?lev?e a chut? de 62% (1991) ? 45% (2001).

        L?indice de niveau de stress au travail a doubl?.

        On a connu une ?rosion de l?engagement des travailleurs envers l?organisation: 66% se sentaient fortement li?s ? leur milieu de travail en 1991 comparativement ? 50% en 2001.

        Source: R?seaux canadiens de recherche en politiques publiques (RCRPP)

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        • #5
          ?thique de la grippe aviaire

          Sph?re associative - Sph?re Politique - Sph?re m?diatique.
          Telle est la situation de la France ? mes yeux, au niveau des initiatives de toutes sortes.
          Concernant une pr?paration citoyenne individuelle dans nos contr?es face ? une ?ventuelle pand?mie: c'est le silence radio complet. Ici et l?, des affiches rappellent les num?ros de t?l?phone ? appeler en cas d'urgence: canicule-?pid?mie...
          Mais impossible de se pr?parer ? un ?v?nement d'une telle ampleur.
          On risque m?me de se faire cataloguer, comme ?colo.
          Last edited by Lyro; October 28, 2006, 05:36 AM. Reason: Corrections ? la ponctuation.
          Ne pas cliquer ici

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          • #6
            ?thique de la grippe aviaire

            Pour une pr?paration individuelle, oui! Mais pas contre les pr?paratif collectif aussi.

            Cette "?tiquette" de "Libertarisme" est un peu r?ductrice, et personnelement, je me m?fie grandement de tous les "isme" du monde...

            Surtout lorsqu'ils peuvent, sous de belles apparances de promotion des libert?s individuelles, ?tre utilis?s comme pr?texte ? toute forme de d?sengagement de l'?tat.

            Mais l?, je ne veut pas sombrer dans l'?ternel d?bat gauche-droite.

            Je ne crois pas que nous en soyons l? ? FluTrackers.
            Ce qui rattache les membres ici est un souci humanitaire et personnel face au danger potentiel d'une pand?mie d?vastatrice.
            Last edited by Lyro; October 28, 2006, 05:38 AM. Reason: Corrections ? la ponctuation.

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            • #7
              ?thique de la grippe aviaire

              Je n'ai pas l'habitude de m'identifier aux "ismes" moi non plus. J'en suis venue ? me poser beaucoup de questions au cours des derniers mois toutefois, car la r?action des personnes ? qui j'ai gliss? un mot de la menace d'une pand?mie de grippe aviaire m'a surprise, et je tente de trouver des r?ponses. Je pensais initialement que je n'avais pas de talent pour convaincre d'autres personnes, que j'avais ?chou? ? leur apporter les bons arguments. Alors j'ai commenc? ? me renseigner, j'ai fouill? et fouill? pour tenter d'?toffer le plus possible mes interventions et arriver ? fournir des renseignements scientifiques justes et de poids. Cela n'a encore rien donn?. Au fil de mes lectures, j'ai remarqu? que la plupart des membres de ce site ?prouvent des difficult?s qui s'apparentent aux miennes, qu'il est ardu pour eux aussi d'aborder le sujet de la grippe aviaire.

              Dans ce cas, c'est qu'il y a un malaise r?pandu au niveau de la soci?t?. La probl?matique d?passe mon champ individuel, j'en suis convaincue maintenant.

              Quand bien m?me que les autorit?s de mon pays indiquent qu'ils ont effectu?s des pr?paratifs (collectifs), j'ai beaucoup de difficult? ? me sentir en s?curit? et ? penser que moi et ma famille seront prot?g?s.

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              • #8
                ?thique de la grippe aviaire

                Le probl?me est bien r?el.

                De mon c?t?, j'ai aussi rencontr? diff?rentes attitudes qui ont finalement le m?me effet.

                Ma conjointe est toute dispos?e ? croire en la possibilit?e du danger mais pr?f?re ne pas en entendre parler, pr?textant que ?a lui fait trop peur et que je suis bien assez "crack-pot" comme ?a.
                Certains de mes amis ont carr?ment ri de moi, avec la conviction que ?a ne va surement pas ?tre pire que le bug de l'an 2000. Mais ils sont du m?me soufle, volontairement sourds ? toute source d'information plus fiable que les dictons populaires.
                Du c?t? de ma soeur, oui, ses proches sont certains que ?a va arriver, mais ils sont camp?s dans une sorte de fatalisme du genre "Que veux-tu qu'on y fasse? C'est la vengeance de la nature sur l'Homme. Nous l'avons bien m?rit?..."

                Mais le pire est la r?action que j'ai re?ue d'un ancien ami d'universit? qui travaille maintenant aux ?tats-Unis en biotechnologie justement.
                Selon lui, c'est une folie des m?dias, et de toute fa?on, m?me si ?a se produisait, ?a ne va que tuer des gens dans des pays pauvres et que de ?a, il s'en fout, ce n'est pas son probl?me.

                ?a m'a tellement insult? que je ne lui ai jamais r?pondu. Cette forme d'?go?sme primaire est tout ? fait ridicule face ? une maladie qui ne fera que peu de cas des classes sociales.

                L'automne dernier, ? la t?l?vison, le porte-parole du gouvernement qu?b?cois ? la Sant? publique a conseill? aux citoyens de stocker au moins pour 3 semaines de vivre... Trois semaines, avez-vous d?j? vu ?a, une ?pid?mie que dure aussi peu longtemps?

                Ce conseil tout ? fait irr?aliste m'a alors fait constater bien des choses.

                Qui de nos jours a r?ellement les moyens d'accumuler pour 4 mois de subsistance ? la maison? Malheureusement, m?me pas moi... pour l'instant.
                Last edited by Lyro; October 28, 2006, 05:45 AM. Reason: Corrections ? la ponctuation.

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                • #9
                  ?thique de la grippe aviaire

                  Sur le plan ?thique, nous parlons beaucoup de l'avant et du pendant, mais pas de l'apr?s.
                  Il y a eu un avant et un apr?s le 11 septembre et personne n'?tait pr?par?. Sinc?rement, je crois que le 11 septembre a modifi? en profondeur notre rapport au monde, et je n'ose imaginer de quelle mani?re une pand?mie risque de modifier notre rapport au monde et ? la nature.

                  L'?thique de la grippe aviaire pose d'importantes questions! Dans nos soci?t?s modernes, il existe beaucoup de personnes d?pendantes ? des soins quotidiens de toutes sortes.
                  Au del? des menaces de p?nuries diverses que fait peser une pand?mie - Je pense au sang, ? l'insuline, ? tout un tas de produits que l'on obtient sous ordonnance renouvel?es - il faut songer au comportements condam-nables qu'une pand?mie et que des rationnements peuvent provoquer.
                  Une pand?mie, dans un monde o? les tensions Nord-Sud sont de v?ritables poudri?res, risque d'engendrer des tensions se sur-ajoutant ? celles d?j? existantes.
                  Sur le plan psychologique, des probl?mes de confiance de toutes sortes vont se manifester... Je pense que cela engendrera un chaos ? l'image du film Minority Report, o? les passagers du m?tro en viennent ? monter dans la rame apr?s un scan de l'iris, et o? les rapports humains ne sont finalement que l'expression de codes "quantifi?s" et "analys?s" au quotidien. Bref un monde de rationnement permanent.
                  Cette image du rationnement est importante, parce qu'avec ou sans pand?mie, ?tant donn? les ravages silencieux de l'Homme sur l'?cosyst?me, nous y serons confront? d'une mani?re ou d'une autre.
                  Je pense ? la p?che (au thon, ? la Baleine). En quelque sorte, on peut tr?s bien imaginer, qu'une pand?mie soit la phase 2 d'un plan, dont la phase 1 fut le 11 septembre. Et l'?thique dans tout ?a? Qui s'en soucie vraiment? Face ? une pand?mie, je crois bon de distinguer l'?thique de l'individu au quotidien, et l'?thique des institutions, des corporations et des collectivit?s. Et je crois qu'il faut d?finir cette ?thique de toute urgence pour ne pas se retrouver dans un monde sans droit o? on lutte pour sa survie sans plan, sans raison et sans r?f?rence ?crite ("?thique face ? la grippe" -> on peut imaginer une charte ou une d?claration qui reste ? d?finir!?).


                  Je vous propose d'imaginer d?s maintenant une soci?t? post-pand?mique avec "6 - "2 milliards" (ce n'est pas le genre de comptabilit? humainement acceptable, mais bon, les chiffres et les statistiques sont un instrument m?dical) d'individus sur la Terre (pourvu que ce ne soit pas moi!). Les technologies modernes que l'on connait, les robots, et surtout un ?cosyst?me qui vacille toujours autant. C'est cet ?cosyst?me qui m'int?resse, parce qu'apr?s une pand?mie, les menaces microbiennes seront plus pr?sentes que jamais, parce que les infrastructures humaines sont l? et les outils pour en b?tir des toujours plus colossales sont l? ?galement. Donc, en plus d'une pand?mie, n'oublions que l'autre menace, c'est le r?chauffement climatique. Comment une pand?mie peut-elle r??quilibrer un ?cosyst?me et de quelle mani?re durable ou non? J'ai le sentiment qu'une pand?mie posera davantage de probl?mes sur le long terme que l'inverse.
                  Mettons-nous ? la place des poules, l'espace d'un instant. Nous avons un avantage sur les poules: nos masques et nos appareils de d?sinfections. Peut-on imaginer un Monde, ou la Grippe avec un grand G soit une menace permanente contre laquelle des pr?cautions de confinement quotidiens dans tous les domaines soient n?cessaires...? Bonne nuit!
                  Last edited by Lyro; October 28, 2006, 05:53 AM. Reason: Corrections ? la ponctuation.
                  Ne pas cliquer ici

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                  • #10
                    ?thique de la grippe aviaire

                    Le commentaire pr?c?dent publi? par SteveoSteen est int?ressant. Il est vrai que dans presque la totalit? des pr?paratifs des instances gouvernementales ? travers le monde, il n'est question la plupart du temps que du "avant" et du "pendant" la pand?mie. "L'apr?s", peu de personnes osent se l'imaginer. Il est ? peine concevable qu'une telle catastrophe pand?mique ait lieu. La perspective fait vasciller l'esprit. Alors, imaginer l'apr?s, c'est difficile. Pourtant, il va bien falloir le traverser, c'est "apr?s". Mais dans quelles conditions?

                    Le gars qui va prendre la rel?ve prochainement du poste de directeur g?n?ral ? l'OMS va travailler fort pour gagner son salaire...

                    Malheureusement, les syst?mes soit disant internationaux mis en place, qui sont cens?s r?gler des probl?mes ? l'?chelle plan?taire, ne semblent pas ?tre tellement couronn?s de succ?s. Il existe encore des gouffres quasiment infranchissables entre les pays industrialis?s et les pays en d?veloppement, la pauvret? dans le monde est loin d'?tre r?solue, etc. Une pand?mie pourrait fragiliser ces institutions et geler leurs interventions pendant des mois. Alors qu'il faudrait au contraire que ces instances soient op?rationnelles et des efficaces.

                    En ce qui concerne l'id?e d'une charte d'?thique applicable ? une pand?mie, ce serait fort utile - un genre de Charte des droits de l'homme, je suppose. Mais il y a encore ? ce jour de nombreux pays qui ne respectent pas les droits de l'homme fondamentaux, alors on peut concevoir qu'il en serait de m?me pour une ?thique de pand?mie.

                    Quand le grondement sourd de la population en col?re se fera entendre, quand le chaos social deviendra insoutenable, peut-?tre que l'on regrettera alors de ne pas avoir pris suffisamment de temps pour r?fl?chir ? ces questions d'?thique. Je crois que ces ?l?ments de pr?paration d?passent les capacit?s des gouvernements de chacun des pays. Il leur faudrait un coup de pouce venant d'une instance parapluie, qui leur proposerait des pistes de solutions. Mais on dirait qu'ils ont beaucoup de chats ? fouetter en m?me temps. Dommage que l'on doive ainsi tourner les coins ronds pour jouer au pompier et ?teindre les plus gros feux. Ce sont des pans entiers de pr?paratifs qui vont demeurer en suspens. Et aux futures g?n?rations de se d?brouiller avec la patate chaude... encore une fois.

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                    • #11
                      ?thique de la grippe aviaire

                      POUR DES ?TATS G?N?RAUX SUR LA PAND?MIE GRIPPALE
                      Comme pour le sida ou le cancer, l'engagement citoyen est indispensable

                      Par Emmanuel Hirsh (Le Quotidien)
                      15 septembre 2006

                      Emmanuel Hirsh est professeur d'?thique m?dicale, directeur du d?partement de recherche en ?thique, universit? de Paris-Sud-XI.


                      Dans l'avant-propos du rapport de la mission parlementaire d'information sur la grippe aviaire, son pr?sident, Jean-Marie Le Guen, a rendu publique sa lettre adress?e ? Jacques Chirac le 12 juin 2006. Il y ?constate que notre syst?me de soins et, plus largement, la soci?t? fran?aise ne sont pas pr?par?s ? faire face ? une ?ventuelle pand?mie?. Son propos est compl?t? dans Lib?ration, le 14 juin: ?Si la pand?mie arrive, cela se traduira par une dislocation de la vie sociale.?

                      L'?t? est trop vite pass? sur cette prise de position inqui?tante qui, m?me pond?r?e par sa signification sp?cifiquement politique, semble contester certains aspects strat?giques du plan gouvernemental de pr?vention et de lutte ?pand?mie grippale?. A-t-on, dans l'urgence et par souci d'efficacit?, renonc? ? consid?rer utile de consulter et mobiliser au-del? du c?nacle des sp?cialistes? Les mesures pr?conis?es tiennent-elles compte de la complexit? des r?alit?s sociales, sont-elles en capacit? de produire des r?ponses adapt?es, coh?rentes, justes, acceptables? Selon quels principes, dans quelles conditions et en b?n?ficiant de quels soutiens les professionnels exerceront-ils leurs missions? Comment appr?cier le niveau de pr?paration d'une soci?t? face ? un risque global mais impr?cis, qu'apparemment seules des mesures techniques d'anticipation et de pr?vention semblent susceptibles d'att?nuer? Le sens politique, notamment dans le domaine si d?licat de la sant? publique, ne consiste-t-il pas d?sormais ? privil?gier la minutie et l'exhaustivit? de dispositifs organisationnels, toute autre consid?ration s'av?rant hasardeuse et discutable? Des termes ou notions comme ?thique, dignit?, droits de l'homme, d?ontologie, ne sont pas m?me mentionn?s de mani?re explicite dans le plan gouvernemental!

                      Doctrine de l'action, la pr?caution est devenue un principe de gestion qui impose ses r?gles et se substitue aux d?bats d'id?es. On s'en offusque rarement, en particulier lorsqu'il s'agit de ?prot?ger, pr?parer, d?tecter, am?liorer, limiter, assurer, maintenir, am?liorer?, terminologie reprise ? diff?rents moments dans l'introduction du plan gouvernemental pr?sent? le 6 janvier 2006.

                      L'expertise de certains aura donc ?t? pr?f?r?e ? la d?lib?ration publique, ? une concertation de proximit? sollicitant d'autres intelligences et sensibilit?s. C'est pourtant ainsi qu'on rassemble et renforce autour de valeurs partag?es, les ?tats g?n?raux du sida, de la sant? ou des malades du cancer nous ayant d?montr? de mani?re ?loquente la valeur sociale et la pertinence de l'expertise profane.

                      Il convient cependant de s'en f?liciter, en avril l'?valuation th?orique du plan gouvernemental fran?ais par des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine en a fait la r?f?rence europ?enne. Il est toutefois mentionn?, dans ce rapport, ?la diff?rence entre ?valuer les plans d'un pays et d?terminer son degr? de pr?paration?.

                      Mes quelques observations sur la m?thode n'enl?vent rien au fait que le plan gouvernemental constitue un engagement fort et r?solu, que nombre de pays nous envient. On peut consid?rer ce dispositif comme l'expression d'un cadre formel mais n?cessaire qu'il conviendrait d?sormais de rapprocher concr?tement des enjeux humains et sociaux d'une menace pand?mique afin de le rendre accessible et op?rationnel.

                      Dans sa lettre au pr?sident de la R?publique, Jean-Marie Le Guen ?constate une h?sitation politique ? se lancer dans la responsabilisation citoyenne?. La ?responsabilisation citoyenne? ne saurait ?tre un slogan ou un concept ?vid? de signification. Les militants du sida nous ont appris ce qu'elle signifiait s'agissant d'engagement et parfois de r?sistance pour le bien commun, au service de la cit?. Comment une soci?t? peut se r?v?ler et se d?passer en assumant dignement ses d?fis mais ?galement de v?ritables ambitions. L'esprit d'initiative, la culture du courage et de l'audace s'av?rent pr?f?rables aux id?ologies d'une pr?caution d?voy?e ou au confinement individualiste que certains pr?nent. Il nous faut d?sormais ?faire vivre ce plan?, selon la belle expression de Xavier Bertrand au cours de ses voeux ? la presse le 13 janvier 2006.

                      Il nous faut ?tre cr?atifs, g?n?reux, r?alistes, solidaires afin d'?laborer et assumer ensemble les termes d'un engagement ?thique et politique ? notre port?e. Contribuer de la sorte utilement ? la perspective d'action propos?e par le gouvernement. J'en appelle ? des ?tats g?n?raux qui permettent d'affirmer publiquement les valeurs d?mocratiques qui doivent inspirer nos d?cisions en situation de pand?mie. C'est ainsi, notamment, que s'?tablira au sein de la soci?t? ce ?lien de confiance? indispensable ? l'exercice volontaire d'obligations r?ciproques.

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                      • #12
                        ?thique de la grippe aviaire

                        UNE PAND?MIE DE GRIPPE IMPLIQUERAIT
                        DES CHOIX DIFFICILES SUR LE PLAN ?THIQUE

                        16 septembre 2006 (Agence France-Presse)

                        Paris -- Une pand?mie de grippe impliquerait des choix difficiles pour les soignants devant d?cider qui hospitaliser, alors que la vie sociale serait d?sorganis?e et la libert? de d?placement restreinte, selon les participants ? un colloque intitul? "Ethique et pand?mie grippale".

                        Il est important d'aborder "? froid" les questions morales, a soulign? vendredi le ministre de la Sant? Xavier Bertrand, lors de l'ouverture du colloque ? Paris, rappelant qui si la menace d'une pand?mie demeurait, le virus aviaire H5N1, hautement pathog?ne, restait ? l'origine d'une maladie avant tout animale.

                        Pour ?viter la contagion, les salari?s non indispensables pourraient ?tre invit?s ? rester ? domicile et les employeurs ? favoriser le t?l?travail, mais il faudrait n?anmoins maintenir une "vie sociale minimale", a relev? le ministre.

                        "L'?pid?mie, c'est la guerre", a estim? de son c?t? Xavier Emmanuelli, fort de son exp?rience ? M?decins sans fronti?res.

                        De la "d?ferlante" du d?but ? la phase de reflux, "o? l'on fait le bilan du d?sastre humain, mais aussi soci?tal", dix ? douze semaines peuvent s'?couler durant lesquelles "vont pulluler les h?ro?smes spontan?s", c?toyant les "attitudes de fuite" par peur de la contagion sur fond de "surench?re m?diatique" et de rumeurs, a-t-il pr?sag?.

                        Les pharmacies, les urgences des h?pitaux seraient "soumises ? une pression consid?rable", la population "essayant de se procurer ? tout prix les traitements curatifs", a ajout? le Dr Emmanuelli, pr?sident fondateur du Samu social de Paris et du Samu social international.

                        Les stocks d'antiviraux constitu?s devraient toutefois permettre, selon M. Bertrand, "d'?viter d'avoir ? choisir un ordre de priorit? pour toute personne malade" pour ce type de traitement.

                        Mais qui aura droit aux premiers vaccins, aux lits de r?animation qui seront une "ressource rare" malgr? le doublement des capacit?s d'accueil, pr?vu par le plan fran?ais de lutte contre une pand?mie grippale?, s'est interrog? le Pr Bernard R?gnier, chef du service de r?animations m?dicales et infectieuses (CHU Bichat-Claude Bernard, Paris).

                        Il s'agit de la "p?nurie la plus concr?te", a-t-il dit, car d?cider d'une admission ou non en r?animation peut revenir ? choisir entre la vie et la mort d'un malade.

                        En outre, selon lui, faut-il donner la priorit? au maximum de "vies sauv?es", "d'ann?es de vie" ou "d'ann?es de vie de qualit?"; tenir compte de l'?tat de sant? du malade, de son ?ge, de son esp?rance de vie, des investissements faits par la soci?t? pour le former?

                        Le plan fran?ais pr?voit de vacciner en priorit? les professionnels de sant? et du secteur pharmaceutique, les personnes vuln?rables ainsi que les professions indispensables au fonctionnement du pays (approvisionnement, ?nergie, s?curit?, transmissions), a rappel? le Pr Reigner.

                        Aux Etats-Unis, des forums-citoyens ont ?t? invit?s ? faire des choix similaires, pour v?rifier ce qui serait jug? "socialement acceptable". Une exp?rience dont la France pourrait aussi s'inspirer, a-t-il estim?.

                        D'autant qu'au nom de la protection collective, une pand?mie entra?nerait aussi une restriction des libert?s individuelles: mises en quarantaine, limitations des d?placements, contr?les aux fronti?res...

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                        Last edited by Lyro; October 28, 2006, 05:55 AM. Reason: Supprim? la photographie ? cause du lien bris? dans l'adresse de l'image.

                        Comment


                        • #13
                          ?thique de la grippe aviaire

                          Que j'aurais donc pay? cher pour y assister ? ce fameux colloque national [en France] intitul? ??thique et pand?mie grippale?, le 15 septembre 2006. Malheureusement, je l'ai loup?. J'aurais bien voulu y participer! L'?thique de la grippe aviaire, mon sujet de pr?dilection...

                          Quelqu'un de notre communaut? de membres y a-t-il assist?? Un petit compte-rendu de l'?v?nement serait bien appr?ci?!


                          ***

                          ?PID?MIE: QUAND LA GRIPPE AVIAIRE FRAPPERA...
                          Par Anne Jeanblanc (Le Point.fr)
                          13 septembre 2006

                          Pour se prot?ger d'une grave ?pid?mie, la soci?t? doit employer les grands moyens, avec un seul objectif: la sauvegarde du groupe, parfois au d?triment de l'individu.

                          Si une ?pid?mie de grippe aviaire venait ? ravager la France, pr?parez-vous ? quelques surprises. En particulier de la part des autorit?s m?dicales et sanitaires, aupr?s desquelles vous auriez pourtant, dans la panique, le r?flexe de vous r?fugier. Oui, car, en cas de pand?mie, ?les professionnels de la sant? seront amen?s ? prot?ger le groupe plus que l'individu?, selon la formule inqui?tante du docteur Xavier Emmanuelli, anesth?siste-r?animateur et pr?sident du Samu social.

                          En temps normal, la r?gle veut qu'on s'occupe classiquement en priorit? des malades les plus atteints, des patients les plus fragiles ou de ceux qui sont arriv?s les premiers dans la salle d'attente. Face ? une pand?mie capable d'atteindre une grande partie du globe, tout est diff?rent. Les malades seront, certes, s?lectionn?s en fonction de leurs chances de s'en sortir mais, ? gravit? ?gale, il faudra bien faire intervenir d'autres crit?res, car on ne pourra pas soigner tout le monde. Les sp?cialistes devront alors appliquer ce qu'on appelle le ?principe d'efficacit? et de performance?. Un euph?misme qui masque une v?ritable trag?die morale: il faudra sauver en priorit? les vies les plus utiles ?. Comme celles des professionnels indispensables au fonctionnement de la soci?t?.

                          Autrement dit, si vous ?tes un adulte jeune, que vous avez des dipl?mes, un m?tier et des enfants, on s'occupera mieux de vous que si vous ?tes une personne ?g?e, un enfant ou un ch?meur... On n'aimerait pas ?tre ? la place du m?decin qui devra, devant une foule se pressant dans le hall de son h?pital, indiquer les personnes qui pourront avoir acc?s aux lits de r?animation et celles qu'on enverra dans un centre de quarantaine, m?me si elles ont manifestement besoin de soins hospitaliers intensifs. Comme le dit Xavier Emmanuelli, ?le triage n'est pas ?thique?... Et pourtant ce sera bel et bien, face ? une pand?mie, la mission des personnels de sant? et des autorit?s sanitaires.

                          D?finir les priorit?s. c'est pour r?fl?chir ? tous les probl?mes qui ne manqueront pas de se poser si une ?pid?mie d?ferlait en France que le minist?re de la sant? organise, vendredi 15 septembre, un colloque national intitul? ??thique et pand?mie grippale?. Des experts y discuteront de la restriction des libert?s individuelles en cas d'?pid?mie, de la mobilisation de la recherche ou encore de l'attitude envers le monde animal. Et bien s?r des m?thodes de traitement. De ce c?t?, il faudra probablement g?rer la p?nurie. Car m?me si le minist?re de la sant? a pris le soin de constituer des stocks importants de m?dicaments antiviraux, il n'y en aura pas pour tout le monde. Faudra-t-il les r?server strictement aux malades ou en prescrire ?? titre pr?ventif? aux personnes les plus expos?es? ?Notre grand principe d'?quit?, qui implique la r?partition des biens disponibles entre tous, correspond ? l'?thique, mais il est peu performant en temps de crise et sans int?r?t pour la collectivit??, estime le professeur Bernard R?gnier, chef du service de r?animation m?dicale et infectieuse au CHU Bichat-Claude-Bernard, ? Paris.

                          Il faudra aussi d?finir des priorit?s pour les vaccins. Et les imposer d?s que les premiers produits adapt?s arriveront sur le march?, soit apr?s quatre ? six mois d'attente! Les tentatives de passe-droit et les pressions en tout genre vont alors se multiplier. Tous les experts qui r?fl?chissent aux cons?quences d'une ?pid?mie grippale s?v?re - et notamment le professeur Didier Houssin, directeur g?n?ral de la sant? et d?l?gu? interminist?riel ? la lutte contre la grippe aviaire - sont conscients du travail qu'il reste ? fournir pour esp?rer que ces principes soient socialement accept?s et respect?s. Cela suppose une tr?s large participation des responsables politiques et des d?cideurs, mais aussi de tous les principaux acteurs et des citoyens.

                          D'o? le projet de multiplier les r?unions d'information et de sensibilisation dans tout le pays, ainsi que de rappeler r?guli?rement les droits et aussi les devoirs de chacun. Le moment venu, ?les professionnels de sant? se montreront ? la hauteur?, Xavier Emmanuelli en est convaincu. Bernard R?gnier, lui, en est moins s?r: ?On trouve encore de l'abn?gation et de l'h?ro?sme chez les m?decins des pays en voie de d?veloppement, mais, dans les pays industrialis?s, la mentalit? a chang?, s'inqui?te-t-il. Les r?centes ?pid?mies de Sras l'ont montr?.?

                          Mais ce sont surtout les r?actions du reste de la population, donc de la majorit? des Fran?ais, qui inqui?tent les responsables. Plusieurs types de comportements vont ?merger: il y aura les altruistes ou les ?go?stes, les incr?dules ou les accabl?s, les ob?issants ou les rebelles. Sans que l'on sache ? l'avance comment nos proches et nous-m?mes allons nous comporter. Certains sont transcend?s par l'imminence du danger et risquent d'en faire trop. ?Il faut toujours craindre les bonnes volont?s spontan?es, les gens qui prennent des initiatives et qui contestent les d?cisions des autorit?s sanitaires, dit le docteur Emmanuelli. Franchement, je ne vois pas comment, dans un pays d?mocratique comme le n?tre, on pourra imposer une nouvelle hi?rarchie des priorit?s, emp?cher certains comportements, tout en restant dans l'?thique. Ni qui va garantir cela.?

                          Manque de rep?res. Pas facile de se pr?parer ? affronter une ?pid?mie. A fortiori de grippe aviaire, puisque l'on ne conna?t pas encore pr?cis?ment notre futur ennemi (le virus qui aura r?ussi ? passer de l'animal ? l'homme puis ? se propager d'homme ? homme), ni sa dangerosit? exacte. ?On manque de rep?res, admet le professeur R?gnier. Actuellement, il y a eu moins de 250 cas humains de H5N1 dans le monde, avec une mortalit? de l'ordre de 55 ? 60%, bien sup?rieure ? celle de la grippe saisonni?re. Mais il est possible que les cas les moins graves n'aient jamais ?t? d?clar?s. Que des patients aient spontan?ment gu?ri. Ce qui fausserait les statistiques. Il est probable aussi que les personnes qui sont d?c?d?es dans des r?gions sous-m?dicalis?es auraient pu survivre si elles avaient b?n?fici? de soins plus performants.?

                          D'o? cette derni?re question, encore plus compliqu?e: est-il justifi? d'investir des sommes ?normes en pr?vention d'une catastrophe qui ne se produira peut-?tre jamais? Devant ce dilemme ?thico-?conomique, les experts soupirent: ?on nous reprochera toujours d'en avoir fait trop, si rien n'arrive, et pas assez si le sc?nario noir se produit.? Ils sont d?cid?s ? explorer toutes les hypoth?ses, ? affiner toutes les strat?gies de lutte, pour que ces d?penses n'aient pas ?t? vaines, quel que soit le nouveau type de crise sanitaire que l'on aura immanquablement, un jour ou l'autre, ? surmonter

                          Le redoutable virus espagnol

                          Le spectre de la grippe espagnole hante toujours les responsables de sant? publique, et il y a de quoi: 1 milliard de personnes contamin?es et entre 25 et 40 millions de morts dans le monde (plus de 500 000 en France). Apparue en Chine en 1918, elle a envahi l'Europe et l'Am?rique. Certains attribuent son nom au fait que les premiers d?c?s ont ?t? publi?s dans la presse espagnole. D'autres au fait que l'une de ses plus illustres victimes a ?t? le roi d'Espagne.

                          Le virus pouvait se transmettre en une seconde et tuer en une journ?e. Dans un village corse, il a suffi qu'une famille veuille embrasser une derni?re fois un parent d?c?d? de la maladie pour contaminer de nombreux proches venus aux obs?ques et toucher finalement 600 personnes. Bilan: 54 morts.

                          Source
                          Last edited by Lyro; September 17, 2006, 01:04 PM. Reason: Ajout d'un espace manquant entre paragraphes.

                          Comment


                          • #14
                            Re: ?thique de la grippe aviaire

                            ""Aux Etats-Unis, des forums-citoyens ont &#233;t&#233; invit&#233;s &#224; faire des choix similaires, pour v&#233;rifier ce qui serait jug&#233; "socialement acceptable". ""
                            Je me f&#233;licite de l'&#233;vocation par le ministre de la sant&#233; fran&#231;aise de l'existence de forums citoyens (US ou "Canadien") qui essaient d'anticiper par &#233;crit, les cons&#233;quences sociales et &#233;thiques de la grippe aviaire. Peut-&#234;tre et sans doute pensait-il &#224; "Flutrackers".

                            Que j'aurais donc pay&#233; cher pour y assister &#224; ce fameux colloque national [en France] intitul&#233; &#171;&#201;thique et pand&#233;mie grippale&#187;, le 15 septembre 2006.
                            Idem, et je pense que ce forum est aujourd'hui une source d'information : sur des points de vus, et les coordinations techniques indispensables pour de nombreuses organisations impliqu&#233;es dans la vie sociale et civile au quotidien.

                            Bravo les gars.
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                            • #15
                              Re: ?thique de la grippe aviaire

                              Qu'un ministre de la sant&#233; &#233;voque l'existence de forums-citoyens, &#224; propos d'une pand&#233;mie, est important. C'est le d&#233;but d'une mise en lumi&#232;re d'une r&#233;alit&#233; m&#233;dicale.
                              Cette r&#233;alit&#233; est la confrontation au quotidien de la parole et de l'&#233;crit dans les milieux m&#233;dicaux et avec toutes les cons&#233;quences que cela peut avoir tant pour les malades que pour les partenaires sociaux ou encore les compagnies d'assurances et donc les juges.
                              Lorsqu'un ministre &#233;voque les forums citoyens, il parle bien entendu des forums que l'on trouve en grande partie sur le net, donc &#233;crits.
                              On sait que les m&#233;decins ont une &#233;criture illisible, ils sont peu volubiles, mais cela n'ai rien compar&#233; au fait que nombreuses de leurs d&#233;cisions sont prises, et impliquent leurs paroles sans traces &#233;crites...
                              Je suis tout a fait conscient que cela est li&#233; &#224; la profession. Mais en p&#233;riode de pand&#233;mie, l'esprit critique laisse la place &#224; la d&#233;raison et ils ne seront pas &#233;pargn&#233;s, m&#234;me pour les plus courageux et les plus honn&#234;tes d'entre eux.

                              L'&#234;tre humain est ce qu'il est (J'ai en m&#233;moire un film : i comme Icare avec Yves Montand), et l'autorit&#233; doit trouver de nouveaux moyens pour s'exprimer en p&#233;riode de crises &#233;pid&#233;miques. Ces nouveaux moyens seront sans nul doute la complicit&#233; citoyenne pour rep&#233;rer et denoncer l'existence de break-out humains dans des localit&#233;s. La blouse blanche et le treillis seront 2 costumes de rigueurs pour garder la t&#234;te hors de l'eau, mais ce que l'on peut craindre ce sont les abus de toute sorte et la possibilit&#233; que des organisations ou des id&#233;ologies profitent d'une situation d&#233;licate pour &#233;tendre leurs influences.
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