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PAND?MIE DE LA GRIPPE ESPAGNOLE
Il a suffit de 15 jours ? ce virus pour ?tre pr?sent sur l'ensemble du continent Nord-Am?ricain.
Note : cet article traite du parcours g?ographique du virus de 1918. Pour l'article g?n?ral, voir Grippe de 1918.
La pand?mie de la grippe de 1918 -ou grippe espagnole- a ?t? une pand?mie de grippe particuli?rement virulente et contagieuse ayant fait entre 20 et 40 millions de morts. Elle a s?vi de 1918 ? 1920 sur l'ensemble de la plan?te et est, en nombre de victimes, la pand?mie la plus mortelle de l'histoire de l'humanit?.
Son nom semble venir du fait que seule l'Espagne - non impliqu?e dans la Premi?re Guerre mondiale- publia librement les informations relatives ? cette ?pid?mie. Les journaux fran?ais parlaient donc de la grippe espagnole qui faisait des ravages en Espagne.
Sommaire
* 1 A noter : deux souches, trois vagues ?pid?miques
* 2 Avant 1918 : Virus p?res
o 2.1 Apparition et propri?t?s
o 2.2 Des origines g?ographiques incertaines
* 3 D'?pid?mie ? pand?mie mortelle
o 3.1 Septembre 1918: l'?pid?mie am?ricaine devient mortelle
o 3.2 Les propri?t?s de cette grippe
* 4 Octobre 1918 : L'?pid?mie devient pand?mie
* 5 Bilan et cons?quences
* 6 Sources et liens
o 6.1 Liens externes
o 6.2 Bibliographie
? noter: deux souches, trois vagues ?pid?miques
1. un premier virus de la grippe, dit ? virus p?re ?, apparament apparut en Chine, ?tait notable par sa contagiosit? ?lev?e. Cette souche s?vit probablement d?s l'hiver 1917-1918, mais fut identifi? et suivi rigoureusement qu'? partir d'avril 1918 et jusqu'? juin 1918.
2. ce virus muta en ? virus de la grippe espagnole ?, apparemment apparu aux ?tats-Unis d'Am?rique, et ayant d?cim? plus de 21 millions d'individus, au moins. Cette souche s?vit en deux vagues meurtri?res, l'une de mi-septembre ? d?cembre 1918, l'autre de f?vrier ? mai 1919.
Avant 1918 : Virus p?res
Apparition et propri?t?s
Du fait de l'absence d'?tude sur des souches originales du virus de la grippe espagnole, aucune souche n'ayant pu ?tre conserv?e, il est impossible de d?clarer, aujourd'hui du moins, quelle est la source qui a vu appara?tre le ? virus p?re ?. Il y a cependant deux hypoth?ses possibles concernant l'apparition du ? virus p?re ? de la grippe espagnole : la premi?re est que ce virus proviendrait de la mutation d'un virus humain pr?existant (voir les diff?rents ph?nom?nes dans la partie suivante qui expliquent les diff?rentes mutations possibles du virus de la grippe) ; dans ce cas, il devrait n'?tre que faiblement diff?rent de l'original, et les populations humaines devraient, en bonne partie, ?tre immunis?es. La seconde est qu'il proviendrait d'une souche nouvelle, provenant d'une autre esp?ce, notamment les esp?ces aviaires, qui sont des r?servoirs naturels de bons nombres de virus.
C'est effectivement souvent ainsi qu'apparaissent les nouvelles souches de virus de la grippe : par l'interaction de populations humaines, porcines et aviaires (voir aussi la seconde partie).
Si cela demeurait inconnu ? l'?poque, nous savons d?sormais que les diff?rentes esp?ces d'oiseaux, notamment les canards domestiqu?s, sont des r?servoirs naturels de quantit? de virus, et que ceux-ci peuvent, sous certaines conditions, se transmettre ? d'autres esp?ces, tels les porcs. Or, le mode d'organisation traditionnel de la paysannerie, mettait en contact direct et continuel les oiseaux de basse-cour, les porcs et les humains. Les premiers, souvent des canards, servant de r?servoir naturel de virus. Les populations porcines, servant d'?prouvettes, subissent ainsi continuellement l'assaut des virus grippaux aviaires, qu'ils ne craignent normalement pas du fait de la barri?re des esp?ces. Mais ce contact continuel permet, le cas ?ch?ant, aux variantes des virus de s'adapter au syst?me immunitaire mammalien. Et du fait que le syst?me immunitaire des porcs est proche de celui de l'homme, les virus grippaux aviaires peuvent donc atteindre l'homme par le biais des porcs.
Des chercheurs am?ricains ont d'ailleurs publi? en octobre 2005, dans les revues "Science" et "Nature" (voir Bibliographie), une ?tude sur un virus de la grippe espagnole reconstitu? (? partir d?un pr?l?vement de poumon d?une femme d?c?d?e lors de la pand?mie de 1918 en Alaska et enterr?e dans le perg?lisol), qui tend ? montrer que son origine ?tait aviaire.
Voici comment serait apparu le ? virus p?re ? dans la population humaine :
Ce que l'on sait de ce virus p?re tient en ses propri?t?s pathologiques. Il ?tait somme toute assez commun : une dur?e d'incubation tr?s courte (de 1 ? 2 jours), l'immense majorit? des cas ?tait b?nins, et une mortalit? habituelle d'environ 0,15 %. Soit un cas mortel sur 666 malades, particuli?rement chez les vieillards et les nourrissons, comme c'est encore le cas aujourd'hui. Ces cas mortels n'?tant non pas dus au virus lui-m?me, mais, du fait de l'affaiblissement de l'organisme qu'il entra?ne, ? des complications de maladies normalement non mortelles (bronchite, pneumonie...). Ce virus p?re ne diff?rant de ceux des autres grippes que par une contagiosit? plus ?lev?e qu'? l'accoutum?, lui permettant d'engendrer une ?pid?mie timidement internationale, cela n'est pas encore assez pour ?tre appel? pand?mie.
Des origines g?ographiques incertaines
Du fait de l'absence de toute ?tude r?elle contemporaine ? l'?pid?mie, plus encore ? ses d?buts discrets, non mortels, l'origine g?ographique du virus p?re de la grippe de 1918, dite ? grippe espagnole ?, reste aujourd'hui encore grandement incertaine.
Il est ?galement important, ici, de savoir qu'? tout instant de l'ann?e, divers points du globe subissent des ?pid?mies de grippes diff?rentes, b?nignes et end?miques. Aussi, en l'absence d'?tudes sur le virus de la grippe espagnole lui-m?me, il demeure impossible de trancher sur son origine g?n?alogique, de d?terminer lequel des virus b?nins alors en cours ?tait le virus p?re. Impossible donc, de d?terminer son origine g?ographique pr?cise.
Les connaissances certaines sur son origine sont ainsi inexistantes : l'origine m?me de son nom est encore d?battue, mais semble majoritairement consid?r?e comme ?tant due au fait que ce ne f?t que lorsque cette grippe frappa l'Espagne que l'on prit conscience de sa port?e internationale.
Aussi, malgr? le fait que les hypoth?ses sur l'origine g?ographique soient multiples, toutes convergent vers une m?me r?gion : le Nord-Est des ?tats-Unis d'Am?rique, dans la r?gion de Boston, lieu premier semble-t-il o? la grippe devint mortelle, vers la mi-septembre 1918. Ce n'est qu'? partir de l? que l'on suit avec certitude le virus en question. Cependant, la pand?mie commen?a bien avant avec le ? virus p?re ?. En voici les origines les plus d?velopp?es expliquant son arriv?e dans la r?gion de Boston.
L'origine la plus commun?ment admise, notamment par les instituts de sant? publique tel que l'Institut Pasteur, est l'Asie, la r?gion de Canton plus pr?cis?ment, en Chine. Bien que ne reposant sur aucune preuve ind?niable, cette hypoth?se s'appuie sur deux constats effectifs :
* Une ?pid?mie de grippe b?nigne, mais ? forte contagiosit?, s?vit effectivement en Chine au printemps 1918 (ce qui est fr?quent).
* Second argument : cette r?gion du monde, par son interaction entre les populations humaines, aviaires et porcines, a toujours ?t? la source principale des ?pid?mies de grippe.
Le virus aurait atteint les ?tats-Unis par le biais d'un bataillon am?ricain revenant de cette r?gion chinoise vers une base de Boston. Ce fut ici qu'elle fit ses premiers morts recens?s.
Une autre hypoth?se am?ricaine, peu d?velopp?e, pose comme origine possible de cette ?pid?mie les ?tats-Unis, dans la r?gion de la Caroline du Sud, o? quelques cas mortels auraient ?t? annonc?s d?s le printemps 1918.
D'autres hypoth?ses pr?tendent qu'elle serait originaire d'Europe. Ainsi, l'autre hypoth?se la plus solide fait appara?tre les premiers cas de grippe espagnole, dans les tranch?es fran?aises, en avril 1918. Notamment dans des bataillons britanniques stationn?s dans les environs de Rouen. Il y eut effectivement des morts dus ? une ?pid?mie de grippe particuli?rement contagieuse, mais les conditions d'hygi?ne des tranch?es ?taient amplement suffisantes ? transformer une grippe des plus banales en maladie mortelle.
Toujours est-il que cette ?pid?mie, li?e ou non ? l'?pid?mie chinoise, se r?pandit rapidement, par le biais des mouvements de troupes alli?es, d'abord en Grande-Bretagne, puis aux ?tats-Unis, et enfin en Italie et en Allemagne, atteignant son apog?e vers juin 1918. En juillet, l'Europe consid?re l'?pid?mie comme pratiquement termin?e, bien qu'ayant atteint un nombre ?lev? d'individus, surtout dans les arm?es, mais s'?tant manifest?e sans gravit?, ?tant de courte dur?e, et avec des sympt?mes classiques peu alarmants.
Il existe ?galement d'autres hypoth?ses, isol?es et non confirm?es par d'autres documents, pr?tendant que son origine pourrait ?tre r?ellement l'Espagne, elle aurait ?t? amen?e aux ?tats-Unis par le biais de la famille royale espagnole, ? l'?poque en voyage diplomatique dans la r?gion de Washington, ou encore qu'elle serait la cons?quence d'essais de nouveaux vaccins sur des militaires de Boston, ?tats-Unis, en septembre 1918.
Simultan?ment ? ces ?pid?mies internationales, d'autres foyers ?pid?miques plus restreints ont ?t? observ?s en Inde et en Nouvelle-Z?lande, en juillet, et en Afrique du Sud, en ao?t. On ignore aujourd'hui encore s'il s'agit d'une seule ou de diff?rentes souches, toutes cependant n'engendraient que des sympt?mes b?nins.
D'?pid?mie ? pand?mie mortelle
Septembre 1918: l'?pid?mie am?ricaine devient mortelle
C'est aux ?tats-Unis, dans la r?gion de Boston, aux environs du 14 septembre, que les premiers cas mortels d'une grippe qui sera bient?t tristement connu sous le nom de ? grippe espagnole ? furent signal?s.
? compter de cette date, cette vague virale, bien qu'?tant dans la lign?e directe de la pr?c?dente, se caract?risa par une mortalit? 10 ? 30 fois plus ?lev?e que les ?pid?mies grippales habituelles, soit un taux de mortalit? moyen de pr?s de 3% des gripp?s.
Du fait de sa grande contagiosit?, elle se r?pandit partout o? les voyageurs contamin?s, civils ou militaires, all?rent, au gr? des transports ferroviaires et maritimes de cette ?poque, inconscients du danger et de la puissance meurtri?re de ce qu'ils colportaient. D?s le 21 septembre 1918, dans l'ensemble du Nord-Est des ?tats-Unis, des c?tes am?ricaines du golfe du Mexique, ainsi qu'en Californie et dans la majorit? des grandes villes de l'Est am?ricain, sont signal?s des d?c?s dus ? la grippe : c'est le d?but d'une augmentation significative et anormale du nombre de cas mortels.
Dans le m?me temps, les premiers cas sont signal?s en Europe, le virus y fut probablement apport? par le biais de renforts am?ricains venus aider les arm?es alli?es. Une semaine plus tard, d?but octobre 1918, c'est l'ensemble du territoire des ?tats-Unis et de l'Am?rique du Nord qui est atteint. Il aura suffit de 15 jours ? ce virus pour ?tre pr?sent sur l'ensemble de ce continent Nord-Am?ricain.
C'est alors seulement que l'?pid?mie prit r?ellement une ampleur consid?rable. En effet, si elle ?tait d?j? pr?sente dans l'ensemble de ces territoires, le nombre de contamin?s n'?tait pas encore tr?s ?lev?. Et ce fut seulement une fois diss?min?e que le nombre de contamin?s explosa.
Aussi, comme le montre le graphique qui suit, ce fut le mois d'octobre 1918 qui vit le plus de cas mortels aux ?tats-Unis : un taux de mortalit? de pr?s de 5 % chez les malades, soit, relativement ? la population enti?re, du fait que 30 ? 40 % de la population ?tait atteinte, un taux de mortalit? global de 2%. L'?tat am?ricain, ainsi que la population, prirent soudainement conscience de l'importance de cette ?pid?mie.
Sur le m?me sch?ma, ce serait bient?t l'Europe, puis le reste du monde qui succomberaient.
Les propri?t?s de cette grippe
Ce qu'il y a de surprenant, en premier lieu, chez ce virus, comme chez tout les virus de la grippe, c'est sa contagiosit?. C'est cela qui lui permit de se propager ? une telle vitesse, en lui permettant de devenir une pand?mie mondiale.
En cinq jours, une petite ville (1 000 habitants), o? seuls quelques cas ?taient r?pertori?s, pouvait se trouver ? genoux avec pr?s de 200 gripp?s, clou?s au lit, entra?nant la mort de 20 ? 40 de ces individus, ce qui repr?sente jusqu'? 20% de mortalit?. L'?pid?mie une fois arriv?e en un lieu donn?, du fait que les malades transportent et propagent le virus durant les deux premiers jours de leur infection, demeurent sans sympt?mes, toutefois le virus avait contamin? d?s la premi?re semaine, avant m?me les premiers morts, une impressionnante portion de la population. La morbidit? (portion de cas de grippe dans une population) ?tait extr?me, pr?s de 30 % de la population ?tait atteinte apr?s 15 jours. Un pic de mortalit? ?tait observ? du 15e au 30e jour de l'?pid?mie, suivi d'une d?croissance lente du nombre de cas. Ce n'?tait g?n?ralement qu'au bout de deux mois que l'?pid?mie s'essoufflait, poursuivant ailleurs son ?uvre.
La virulence de cette ?pid?mie avait ?galement de quoi surprendre. La grande majorit? des cas demeuraient b?nins, les sympt?mes ne diff?rant gu?re de ceux d'une grippe habituelle, avec les ? atouts ? de la premi?re vague en plus (haute contagiosit?). Et dans la plupart des cas, les sympt?mes ne durant que de trois ? cinq jours, suivis d'une am?lioration rapide. Il en fut tout autrement pour les cas graves. Apr?s un ou deux jours de sympt?mes b?nins, l'?tat du malade empirait rapidement : l'atteinte pulmonaire devenait alors ?vidente. Le malade, prostr?, se plaignait de douleurs dans la poitrine, son visage devenait violac?, une mousse sanguinolente s'?chappait de ses l?vres. En quelques heures, plus de la moiti? de ces cas se termin?rent par la mort.
Dans l'ensemble, ce ne fut non pas la grippe en elle-m?me, mais les complications pulmonaires qui la suivirent qui furent ainsi la cause principale des cas mortels. Avec les grippes pr?c?dentes, seuls 1 % des gripp?s pr?sentaient des complications pulmonaires plus ou moins graves, et parmi ceux-ci, seuls 1 % des cas ?tait mortels. Avec cette vague de grippe espagnole, ce fut pr?s de 15 ? 30 % des gripp?s qui pr?sent?rent des complications pulmonaires, et environ 10 % de ces cas eurent une issue fatale.
Soit, sur une population de 10 000 gripp?s, 100 complications pulmonaires, 1 d?c?s pour les ?pid?mies communes. Pour une ?pid?mie de grippe espagnole, il y avait de 1 500 ? 3 000 complications pulmonaires et de 150 ? 300 d?c?s.
Jusqu'a 300 fois plus de morts.
Il est ? noter, et c'est une sp?cificit? de cette grippe, la courbe de mortalit? est anormalement haute pour la tranche d'?ge de 20 a 40 ans, qui repr?senta 50 % des d?c?s, avec un pic anormal de la mortalit? vers 30 ans. Cette tranche d'?ge ?tant habituellement et clairement la moins touch?e.
Bien que les personnes plus ?g?es (notamment vers 60 ans), les adolescents et les nourrissons, subirent une morbidit? particuli?rement ?lev?e, ils ne subirent pourtant pas davantage de pertes (mortalit?) qu'? l'accoutum?e. Le nombre de complications pulmonaires ainsi que la mortalit? restant ?trangement faibles au regard de la virulence de cette ?pid?mie et de leur grande vuln?rabilit? habituelle face aux grippes, telle celle de 1957, ou d'autres, m?me anodines.
La cause de ces anomalies de r?partition de la mortalit?, ainsi que de sa forte mortalit?, plus encore celle des adultes, reste aujourd'hui encore inconnue.
Octobre 1918 : L'?pid?mie devient pand?mie
Alors que les ?tats-Unis furent subitement submerg?s par cette ?pid?mie nouvelle, que bon nombre de villes am?ricaines sont paralys?es du fait du grand nombre de malades, ainsi que du grand nombre de personnes refusant d'aller travailler. Alors que les m?decins am?ricains, d?sempar?s, sans aucune information ou aide possible, font face ? cette ?pid?mie du mieux qu'ils peuvent, mais h?las vainement, une infirmi?re sur quatre mourut. Alors que cette ?pid?mie, ? son apog?e de puissance au ?tats-Unis, y s?me le chaos, le d?sarroi, et surtout la mort ; l'Europe compte ses premiers morts dans les rangs des militaires alli?s. Avec son arriv?e en Europe, ce virus devint international, ce qui annon?ait d?j? son originalit?.
Suivant la m?me ?volution qu'aux ?tats-Unis, la maladie, partant du Nord-Est de la France, conquit bien vite l'ensemble des insalubres tranch?es alli?es ainsi que le territoire fran?ais et, par les mouvements de troupes britanniques, tel un pi?ge grec, prit l'?le imprenable de Grande-Bretagne.
Vers le 15 octobre, l'?pid?mie atteignit, en France puis en Angleterre, une importance cons?quente. Avec une ? deux semaines de d?calage, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et l'ensemble des pays limitrophes compt?rent leurs premiers morts. De l?, l'Europe ?tant ? l'?poque le centre colonisateur du monde, des bateaux, avec ? leur bord des marins gripp?s, partirent vers l'Afrique, l'Am?rique du Sud, les Indes et la Chine, ainsi que vers l'Oc?anie. Ces marins colportant vers ces terres alors encore ?pargn?es un virus ?pid?mique qui, par la m?me, allait devenir ind?niablement pand?mique : l'?pid?mie devenait mondiale.
Fin octobre et d?but novembre, d'abord en France et Grande-Bretagne, ensuite dans l'Europe enti?re durant le mois de novembre 1918, l'importance devint l'?gale de celle des ?tats-Unis. Pire : les populations europ?ennes, affaiblies par quatre ans de guerre et de p?nuries, subirent des pertes plus grandes encore que celles des ?tats-Unis. La France, ? elle seule, subit quasiment autant de pertes que l'ensemble des ?tats-Unis. Des villes enti?res sont paralys?es, autant par la maladie que par sa crainte. Aux ?tats-Unis, l'?pid?mie perdait enfin de sa force, apr?s deux mois en moyenne de s?vices : septembre, le mois de la propagation, et octobre, le mois des morts. Novembre ?tant, pour ce continent, le mois d'une gu?rison am?re.
En Europe, pour la France et la Grande-Bretagne, le mois de la propagation ayant ?t? octobre (avec ?galement un grand nombre de morts), ce fut ainsi principalement le mois de novembre, en raison des infrastructures sanitaires d?bord?es, qui vit les plus grandes vagues de morts. Pour les autres pays d'Europe, la p?riode de propagation de la maladie s'?tendit de mi-octobre ? mi-novembre, celle des morts, de mi-novembre ? mi-d?cembre.
Parmi les comptoirs et colonies europ?enne, seule l'Australie fut en mesure d'appliquer une quarantaine rigoureuse. Pour les autres, l'?pid?mie fut in?vitable. Les Europ?ens d?barqu?rent, amenant avec eux le mortel virus. ? partir de d?but novembre 1918, le virus se r?pandit tr?s vite dans toute l'Afrique, l'Am?rique Latine, les Indes et la Chine, ainsi que dans l'Oc?anie. Le pourcentage de gripp?s dans les populations locales oscillant entre 30 et 80 % de contamin?s, parmi lesquels de 1 ? 20 % de cas mortels. Les ?pid?mies, l? aussi, passant en deux mois sur une r?gion, elle cessa donc son activit? vers d?but janviers 1919, avec un pic de mortalit? en d?cembre 1918.
L'Inde, ? elle seule, aurait eu 6 millions de morts, la Chine tout autant.
Apr?s deux mois d'accalmie, de d?cembre 1918 ? janvier 1919, la pand?mie semblait d?finitivement achev?e. Pourtant, 1919 vit ?trangement une recrudescence importante du nombre de cas de grippe espagnole. Cette nouvelle ? vague ?, par chance, ne fut que mineure du fait que l'ensemble des individus ayant d?j? ?t? atteints lors de la seconde vague de grippe pr?sentaient d?sormais une immunit?, et ne pouvaient donc colporter le virus. Cette vague pand?mique, qui balaya tout de m?me la plan?te enti?re, se contenta d'enclencher des foyers ?pid?miques localis?s un peu partout sur terre, notamment dans les r?gions ?pargn?es jusqu'alors, telle que l'Australie, qui n'?chappa pas cette fois ? la pand?mie.
Avec l'Australie ainsi touch?e, ce fut donc sur l'ensemble des continents humainement habit?s que le virus de la grippe de 1918-1919, dite espagnole, sema son lot de morts, signant d?finitivement son caract?re pand?mique.
Bilan et cons?quences
Du fait, sans doute, de la priorit? militaire de l'?poque, et malgr? la virulence de cette pand?mie mondiale, aucune ?tude scientifique approfondie ne fut entreprise. Seuls, ?a et l?, des m?decins isol?s ?crivirent de petits trait?s exposant les sympt?mes constat?s, des statistiques de contamination ou de taux de mortalit?. Les rares pr?l?vement conserv?s (par exemple dans de la paraffine solide) s'av?rent aujourd'hui d?grad?s et inutilisables.
On a par ailleurs constat? que la pand?mie de 1918-1919 fut essentiellement caract?ris?e par trois faits :
* Un taux de mortalit? induit (ce n'est pas la grippe qui tue directement) effrayant, avec une moyenne d'environs 3 % du milliard de gripp?s de l'ensemble de la plan?te.
* Une morbidit? extr?mement ?lev?e, c'est-?-dire un tr?s grand nombre de cas, estim?e ? 50 ? 70 % de la population mondiale atteinte. Ceci s'expliquant par le fait qu'il s'agissait d'un virus grippal de type nouveau vis-?-vis duquel la population ne poss?dait aucune immunit?.
* Une courbe de mortalit? tout ? fait anormale, avec un pic sur les 20-40 ans, notamment au alentour de 30 ans.
Ainsi, sur une population mondiale estim?e ? l'?poque ? environ 1,9 milliard d'individus, l'ensemble des estimations ?valuent ? plus d'un milliard le nombre de personnes atteintes par ce virus, sans distinction de continent, d'ethnie ou du niveau technologique de leur civilisation. Au contraire, bien que le taux de mortalit? fut plus ?lev? chez les tribus primitives, du fait de l'absence de soins, ce furent les civilisations urbaines et industrialis?es, ? fortes concentration de population, qui furent les plus touch?es du fait qu'elles favorisaient la propagation rapide du virus.
Au niveau humain, on estime le nombre de victimes compris entre 21 millions (d'apr?s l'Institut Pasteur) et 50 millions d'individus (d'apr?s l'OMS). Le consensus international penchant plut?t pour la premi?re ?valuation, et tranchant aux alentours de 30 millions de victimes.
Plus pr?cis?ment, au cours de ces diff?rentes vagues, les ?tats-Unis, premier pays touch?, perdirent pr?s de 549 000 citoyens ; la France, modeste pays compar? aux ?tats-Unis, en perdit pourtant pr?s de 408 000, le Royaume-Uni 220 000 ? seulement ?. De l'Allemagne et de l'Autriche, alors dans le chaos de la d?faite, ne ressortent aucune ?tude statistique. Globalement, en Europe occidentale, ce fut sans doute pr?s de 2 ? 3 millions de morts. L'Inde et la Chine, comme on l'a vu pr?c?demment, eurent chacune environ 6 millions de morts. Le Japon en eut pr?s de 250 000.
Source : Institut Pasteur
Pour les autres pays, tels que les colonies africaines, l'Am?rique du Sud, l'Oc?anie et la Russie (alors en pleine refonte communiste), il n'est fait mention nulle part de quelconques statistiques, mais on peut, en fonction des populations de l'?poque et de la mortalit? moyenne, y estimer le nombre de morts total ? pr?s de 6 millions. Probablement plus. On obtient ainsi de 20,5 millions ? 21,5 millions de morts dus ? cette pand?mie.
Apr?s plus de 30 millions de morts emport?s par la guerre et cette grippe, et au maximum le double : 60 millions, la pand?mie s'acheva d?finitivement vers le d?but de l'?t? 1919. Tout le monde se r?jouit, dans ce monde qui, apr?s 4 ans de guerre suivis de cette pand?mie, ?tait ? reconstruire.
Cependant, un oubli anodin d'alors a aujourd'hui son importance : aucune souche n'ayant pu ?tre conserv?e, aucune ?tude n'a pu ?tre faite sur l'origine de sa contagiosit? et de sa virulence, l'une comme l'autre restant inexpliqu?es. Pour en savoir plus sur ses propri?t?s, nous sommes ainsi oblig?s de nous contenter de l'?tude du virus de la grippe en g?n?ral.
Sources et liens
Liens externes
* Source de cet article : TPE ? La Grippe Espagnole de 1918 ?, expos? de Terminale S apr?s synth?se de documents obtenus aupr?s de l'Institut Pasteur. Site sous copyleft.
* Rapport d'investigation : L'?pid?mie de grippe espagnole de 1918 ? Gen?ve, Suisse
* http://www.pbs.org/wgbh/amex/influenza/maps/index.html - progression du virus aux USA (1918)
* http://www.splf.org/gp/dossier-documents/grippe.html - dossier "Grippe espagnol", auteur inconnu.
* http://jvdb.chez.tiscali.fr/cassure.htm
* http://www.who.int/mediacentre/facts.../en/index.html Article sur la grippe.
* Dossier en fran?ais sur la grippe espagnole.
Bibliographie
* Revue Virologie Vol.5, n'1, Janvier-f?vrier 2001.
* Que sais-je ? "La grippe", n'978.
* Documents de la Conf?rence de l'Institut Pasteur : La Grippe Espagnole de 1918.
* C. HANNOUN : La Grippe, Ed Techniques EMC (Encyclop?die M?dico-Chirurgicale), Maladies infectieuses, 8-069-A-10, 1993.
* Article : "La grippe ? fait des millions de morts", journal-source non communiqu?.
* Article : Tautenberger J et coll. ? Characterization of the 1918 influenza virus polymerase genes. ? Nature 2005 ; publication avanc?e en ligne le 6 octobre 2005.
* Article : Tumpey T et coll. ? Characterization of the reconstructed 1918 spanish influenza pandemic virus. ? Science 2005 ; 310 : 77-80.
Il a suffit de 15 jours ? ce virus pour ?tre pr?sent sur l'ensemble du continent Nord-Am?ricain.
Note : cet article traite du parcours g?ographique du virus de 1918. Pour l'article g?n?ral, voir Grippe de 1918.
La pand?mie de la grippe de 1918 -ou grippe espagnole- a ?t? une pand?mie de grippe particuli?rement virulente et contagieuse ayant fait entre 20 et 40 millions de morts. Elle a s?vi de 1918 ? 1920 sur l'ensemble de la plan?te et est, en nombre de victimes, la pand?mie la plus mortelle de l'histoire de l'humanit?.
Son nom semble venir du fait que seule l'Espagne - non impliqu?e dans la Premi?re Guerre mondiale- publia librement les informations relatives ? cette ?pid?mie. Les journaux fran?ais parlaient donc de la grippe espagnole qui faisait des ravages en Espagne.
Sommaire
* 1 A noter : deux souches, trois vagues ?pid?miques
* 2 Avant 1918 : Virus p?res
o 2.1 Apparition et propri?t?s
o 2.2 Des origines g?ographiques incertaines
* 3 D'?pid?mie ? pand?mie mortelle
o 3.1 Septembre 1918: l'?pid?mie am?ricaine devient mortelle
o 3.2 Les propri?t?s de cette grippe
* 4 Octobre 1918 : L'?pid?mie devient pand?mie
* 5 Bilan et cons?quences
* 6 Sources et liens
o 6.1 Liens externes
o 6.2 Bibliographie
? noter: deux souches, trois vagues ?pid?miques
1. un premier virus de la grippe, dit ? virus p?re ?, apparament apparut en Chine, ?tait notable par sa contagiosit? ?lev?e. Cette souche s?vit probablement d?s l'hiver 1917-1918, mais fut identifi? et suivi rigoureusement qu'? partir d'avril 1918 et jusqu'? juin 1918.
2. ce virus muta en ? virus de la grippe espagnole ?, apparemment apparu aux ?tats-Unis d'Am?rique, et ayant d?cim? plus de 21 millions d'individus, au moins. Cette souche s?vit en deux vagues meurtri?res, l'une de mi-septembre ? d?cembre 1918, l'autre de f?vrier ? mai 1919.
Avant 1918 : Virus p?res
Apparition et propri?t?s
Du fait de l'absence d'?tude sur des souches originales du virus de la grippe espagnole, aucune souche n'ayant pu ?tre conserv?e, il est impossible de d?clarer, aujourd'hui du moins, quelle est la source qui a vu appara?tre le ? virus p?re ?. Il y a cependant deux hypoth?ses possibles concernant l'apparition du ? virus p?re ? de la grippe espagnole : la premi?re est que ce virus proviendrait de la mutation d'un virus humain pr?existant (voir les diff?rents ph?nom?nes dans la partie suivante qui expliquent les diff?rentes mutations possibles du virus de la grippe) ; dans ce cas, il devrait n'?tre que faiblement diff?rent de l'original, et les populations humaines devraient, en bonne partie, ?tre immunis?es. La seconde est qu'il proviendrait d'une souche nouvelle, provenant d'une autre esp?ce, notamment les esp?ces aviaires, qui sont des r?servoirs naturels de bons nombres de virus.
C'est effectivement souvent ainsi qu'apparaissent les nouvelles souches de virus de la grippe : par l'interaction de populations humaines, porcines et aviaires (voir aussi la seconde partie).
Si cela demeurait inconnu ? l'?poque, nous savons d?sormais que les diff?rentes esp?ces d'oiseaux, notamment les canards domestiqu?s, sont des r?servoirs naturels de quantit? de virus, et que ceux-ci peuvent, sous certaines conditions, se transmettre ? d'autres esp?ces, tels les porcs. Or, le mode d'organisation traditionnel de la paysannerie, mettait en contact direct et continuel les oiseaux de basse-cour, les porcs et les humains. Les premiers, souvent des canards, servant de r?servoir naturel de virus. Les populations porcines, servant d'?prouvettes, subissent ainsi continuellement l'assaut des virus grippaux aviaires, qu'ils ne craignent normalement pas du fait de la barri?re des esp?ces. Mais ce contact continuel permet, le cas ?ch?ant, aux variantes des virus de s'adapter au syst?me immunitaire mammalien. Et du fait que le syst?me immunitaire des porcs est proche de celui de l'homme, les virus grippaux aviaires peuvent donc atteindre l'homme par le biais des porcs.
Des chercheurs am?ricains ont d'ailleurs publi? en octobre 2005, dans les revues "Science" et "Nature" (voir Bibliographie), une ?tude sur un virus de la grippe espagnole reconstitu? (? partir d?un pr?l?vement de poumon d?une femme d?c?d?e lors de la pand?mie de 1918 en Alaska et enterr?e dans le perg?lisol), qui tend ? montrer que son origine ?tait aviaire.
Voici comment serait apparu le ? virus p?re ? dans la population humaine :
Ce que l'on sait de ce virus p?re tient en ses propri?t?s pathologiques. Il ?tait somme toute assez commun : une dur?e d'incubation tr?s courte (de 1 ? 2 jours), l'immense majorit? des cas ?tait b?nins, et une mortalit? habituelle d'environ 0,15 %. Soit un cas mortel sur 666 malades, particuli?rement chez les vieillards et les nourrissons, comme c'est encore le cas aujourd'hui. Ces cas mortels n'?tant non pas dus au virus lui-m?me, mais, du fait de l'affaiblissement de l'organisme qu'il entra?ne, ? des complications de maladies normalement non mortelles (bronchite, pneumonie...). Ce virus p?re ne diff?rant de ceux des autres grippes que par une contagiosit? plus ?lev?e qu'? l'accoutum?, lui permettant d'engendrer une ?pid?mie timidement internationale, cela n'est pas encore assez pour ?tre appel? pand?mie.
Des origines g?ographiques incertaines
Du fait de l'absence de toute ?tude r?elle contemporaine ? l'?pid?mie, plus encore ? ses d?buts discrets, non mortels, l'origine g?ographique du virus p?re de la grippe de 1918, dite ? grippe espagnole ?, reste aujourd'hui encore grandement incertaine.
Il est ?galement important, ici, de savoir qu'? tout instant de l'ann?e, divers points du globe subissent des ?pid?mies de grippes diff?rentes, b?nignes et end?miques. Aussi, en l'absence d'?tudes sur le virus de la grippe espagnole lui-m?me, il demeure impossible de trancher sur son origine g?n?alogique, de d?terminer lequel des virus b?nins alors en cours ?tait le virus p?re. Impossible donc, de d?terminer son origine g?ographique pr?cise.
Les connaissances certaines sur son origine sont ainsi inexistantes : l'origine m?me de son nom est encore d?battue, mais semble majoritairement consid?r?e comme ?tant due au fait que ce ne f?t que lorsque cette grippe frappa l'Espagne que l'on prit conscience de sa port?e internationale.
Aussi, malgr? le fait que les hypoth?ses sur l'origine g?ographique soient multiples, toutes convergent vers une m?me r?gion : le Nord-Est des ?tats-Unis d'Am?rique, dans la r?gion de Boston, lieu premier semble-t-il o? la grippe devint mortelle, vers la mi-septembre 1918. Ce n'est qu'? partir de l? que l'on suit avec certitude le virus en question. Cependant, la pand?mie commen?a bien avant avec le ? virus p?re ?. En voici les origines les plus d?velopp?es expliquant son arriv?e dans la r?gion de Boston.
L'origine la plus commun?ment admise, notamment par les instituts de sant? publique tel que l'Institut Pasteur, est l'Asie, la r?gion de Canton plus pr?cis?ment, en Chine. Bien que ne reposant sur aucune preuve ind?niable, cette hypoth?se s'appuie sur deux constats effectifs :
* Une ?pid?mie de grippe b?nigne, mais ? forte contagiosit?, s?vit effectivement en Chine au printemps 1918 (ce qui est fr?quent).
* Second argument : cette r?gion du monde, par son interaction entre les populations humaines, aviaires et porcines, a toujours ?t? la source principale des ?pid?mies de grippe.
Le virus aurait atteint les ?tats-Unis par le biais d'un bataillon am?ricain revenant de cette r?gion chinoise vers une base de Boston. Ce fut ici qu'elle fit ses premiers morts recens?s.
Une autre hypoth?se am?ricaine, peu d?velopp?e, pose comme origine possible de cette ?pid?mie les ?tats-Unis, dans la r?gion de la Caroline du Sud, o? quelques cas mortels auraient ?t? annonc?s d?s le printemps 1918.
D'autres hypoth?ses pr?tendent qu'elle serait originaire d'Europe. Ainsi, l'autre hypoth?se la plus solide fait appara?tre les premiers cas de grippe espagnole, dans les tranch?es fran?aises, en avril 1918. Notamment dans des bataillons britanniques stationn?s dans les environs de Rouen. Il y eut effectivement des morts dus ? une ?pid?mie de grippe particuli?rement contagieuse, mais les conditions d'hygi?ne des tranch?es ?taient amplement suffisantes ? transformer une grippe des plus banales en maladie mortelle.
Toujours est-il que cette ?pid?mie, li?e ou non ? l'?pid?mie chinoise, se r?pandit rapidement, par le biais des mouvements de troupes alli?es, d'abord en Grande-Bretagne, puis aux ?tats-Unis, et enfin en Italie et en Allemagne, atteignant son apog?e vers juin 1918. En juillet, l'Europe consid?re l'?pid?mie comme pratiquement termin?e, bien qu'ayant atteint un nombre ?lev? d'individus, surtout dans les arm?es, mais s'?tant manifest?e sans gravit?, ?tant de courte dur?e, et avec des sympt?mes classiques peu alarmants.
Il existe ?galement d'autres hypoth?ses, isol?es et non confirm?es par d'autres documents, pr?tendant que son origine pourrait ?tre r?ellement l'Espagne, elle aurait ?t? amen?e aux ?tats-Unis par le biais de la famille royale espagnole, ? l'?poque en voyage diplomatique dans la r?gion de Washington, ou encore qu'elle serait la cons?quence d'essais de nouveaux vaccins sur des militaires de Boston, ?tats-Unis, en septembre 1918.
Simultan?ment ? ces ?pid?mies internationales, d'autres foyers ?pid?miques plus restreints ont ?t? observ?s en Inde et en Nouvelle-Z?lande, en juillet, et en Afrique du Sud, en ao?t. On ignore aujourd'hui encore s'il s'agit d'une seule ou de diff?rentes souches, toutes cependant n'engendraient que des sympt?mes b?nins.
D'?pid?mie ? pand?mie mortelle
Septembre 1918: l'?pid?mie am?ricaine devient mortelle
C'est aux ?tats-Unis, dans la r?gion de Boston, aux environs du 14 septembre, que les premiers cas mortels d'une grippe qui sera bient?t tristement connu sous le nom de ? grippe espagnole ? furent signal?s.
? compter de cette date, cette vague virale, bien qu'?tant dans la lign?e directe de la pr?c?dente, se caract?risa par une mortalit? 10 ? 30 fois plus ?lev?e que les ?pid?mies grippales habituelles, soit un taux de mortalit? moyen de pr?s de 3% des gripp?s.
Du fait de sa grande contagiosit?, elle se r?pandit partout o? les voyageurs contamin?s, civils ou militaires, all?rent, au gr? des transports ferroviaires et maritimes de cette ?poque, inconscients du danger et de la puissance meurtri?re de ce qu'ils colportaient. D?s le 21 septembre 1918, dans l'ensemble du Nord-Est des ?tats-Unis, des c?tes am?ricaines du golfe du Mexique, ainsi qu'en Californie et dans la majorit? des grandes villes de l'Est am?ricain, sont signal?s des d?c?s dus ? la grippe : c'est le d?but d'une augmentation significative et anormale du nombre de cas mortels.
Dans le m?me temps, les premiers cas sont signal?s en Europe, le virus y fut probablement apport? par le biais de renforts am?ricains venus aider les arm?es alli?es. Une semaine plus tard, d?but octobre 1918, c'est l'ensemble du territoire des ?tats-Unis et de l'Am?rique du Nord qui est atteint. Il aura suffit de 15 jours ? ce virus pour ?tre pr?sent sur l'ensemble de ce continent Nord-Am?ricain.
C'est alors seulement que l'?pid?mie prit r?ellement une ampleur consid?rable. En effet, si elle ?tait d?j? pr?sente dans l'ensemble de ces territoires, le nombre de contamin?s n'?tait pas encore tr?s ?lev?. Et ce fut seulement une fois diss?min?e que le nombre de contamin?s explosa.
Aussi, comme le montre le graphique qui suit, ce fut le mois d'octobre 1918 qui vit le plus de cas mortels aux ?tats-Unis : un taux de mortalit? de pr?s de 5 % chez les malades, soit, relativement ? la population enti?re, du fait que 30 ? 40 % de la population ?tait atteinte, un taux de mortalit? global de 2%. L'?tat am?ricain, ainsi que la population, prirent soudainement conscience de l'importance de cette ?pid?mie.
Sur le m?me sch?ma, ce serait bient?t l'Europe, puis le reste du monde qui succomberaient.
Les propri?t?s de cette grippe
Ce qu'il y a de surprenant, en premier lieu, chez ce virus, comme chez tout les virus de la grippe, c'est sa contagiosit?. C'est cela qui lui permit de se propager ? une telle vitesse, en lui permettant de devenir une pand?mie mondiale.
En cinq jours, une petite ville (1 000 habitants), o? seuls quelques cas ?taient r?pertori?s, pouvait se trouver ? genoux avec pr?s de 200 gripp?s, clou?s au lit, entra?nant la mort de 20 ? 40 de ces individus, ce qui repr?sente jusqu'? 20% de mortalit?. L'?pid?mie une fois arriv?e en un lieu donn?, du fait que les malades transportent et propagent le virus durant les deux premiers jours de leur infection, demeurent sans sympt?mes, toutefois le virus avait contamin? d?s la premi?re semaine, avant m?me les premiers morts, une impressionnante portion de la population. La morbidit? (portion de cas de grippe dans une population) ?tait extr?me, pr?s de 30 % de la population ?tait atteinte apr?s 15 jours. Un pic de mortalit? ?tait observ? du 15e au 30e jour de l'?pid?mie, suivi d'une d?croissance lente du nombre de cas. Ce n'?tait g?n?ralement qu'au bout de deux mois que l'?pid?mie s'essoufflait, poursuivant ailleurs son ?uvre.
La virulence de cette ?pid?mie avait ?galement de quoi surprendre. La grande majorit? des cas demeuraient b?nins, les sympt?mes ne diff?rant gu?re de ceux d'une grippe habituelle, avec les ? atouts ? de la premi?re vague en plus (haute contagiosit?). Et dans la plupart des cas, les sympt?mes ne durant que de trois ? cinq jours, suivis d'une am?lioration rapide. Il en fut tout autrement pour les cas graves. Apr?s un ou deux jours de sympt?mes b?nins, l'?tat du malade empirait rapidement : l'atteinte pulmonaire devenait alors ?vidente. Le malade, prostr?, se plaignait de douleurs dans la poitrine, son visage devenait violac?, une mousse sanguinolente s'?chappait de ses l?vres. En quelques heures, plus de la moiti? de ces cas se termin?rent par la mort.
Dans l'ensemble, ce ne fut non pas la grippe en elle-m?me, mais les complications pulmonaires qui la suivirent qui furent ainsi la cause principale des cas mortels. Avec les grippes pr?c?dentes, seuls 1 % des gripp?s pr?sentaient des complications pulmonaires plus ou moins graves, et parmi ceux-ci, seuls 1 % des cas ?tait mortels. Avec cette vague de grippe espagnole, ce fut pr?s de 15 ? 30 % des gripp?s qui pr?sent?rent des complications pulmonaires, et environ 10 % de ces cas eurent une issue fatale.
Soit, sur une population de 10 000 gripp?s, 100 complications pulmonaires, 1 d?c?s pour les ?pid?mies communes. Pour une ?pid?mie de grippe espagnole, il y avait de 1 500 ? 3 000 complications pulmonaires et de 150 ? 300 d?c?s.
Jusqu'a 300 fois plus de morts.
Il est ? noter, et c'est une sp?cificit? de cette grippe, la courbe de mortalit? est anormalement haute pour la tranche d'?ge de 20 a 40 ans, qui repr?senta 50 % des d?c?s, avec un pic anormal de la mortalit? vers 30 ans. Cette tranche d'?ge ?tant habituellement et clairement la moins touch?e.
Bien que les personnes plus ?g?es (notamment vers 60 ans), les adolescents et les nourrissons, subirent une morbidit? particuli?rement ?lev?e, ils ne subirent pourtant pas davantage de pertes (mortalit?) qu'? l'accoutum?e. Le nombre de complications pulmonaires ainsi que la mortalit? restant ?trangement faibles au regard de la virulence de cette ?pid?mie et de leur grande vuln?rabilit? habituelle face aux grippes, telle celle de 1957, ou d'autres, m?me anodines.
La cause de ces anomalies de r?partition de la mortalit?, ainsi que de sa forte mortalit?, plus encore celle des adultes, reste aujourd'hui encore inconnue.
Octobre 1918 : L'?pid?mie devient pand?mie
Alors que les ?tats-Unis furent subitement submerg?s par cette ?pid?mie nouvelle, que bon nombre de villes am?ricaines sont paralys?es du fait du grand nombre de malades, ainsi que du grand nombre de personnes refusant d'aller travailler. Alors que les m?decins am?ricains, d?sempar?s, sans aucune information ou aide possible, font face ? cette ?pid?mie du mieux qu'ils peuvent, mais h?las vainement, une infirmi?re sur quatre mourut. Alors que cette ?pid?mie, ? son apog?e de puissance au ?tats-Unis, y s?me le chaos, le d?sarroi, et surtout la mort ; l'Europe compte ses premiers morts dans les rangs des militaires alli?s. Avec son arriv?e en Europe, ce virus devint international, ce qui annon?ait d?j? son originalit?.
Suivant la m?me ?volution qu'aux ?tats-Unis, la maladie, partant du Nord-Est de la France, conquit bien vite l'ensemble des insalubres tranch?es alli?es ainsi que le territoire fran?ais et, par les mouvements de troupes britanniques, tel un pi?ge grec, prit l'?le imprenable de Grande-Bretagne.
Vers le 15 octobre, l'?pid?mie atteignit, en France puis en Angleterre, une importance cons?quente. Avec une ? deux semaines de d?calage, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et l'ensemble des pays limitrophes compt?rent leurs premiers morts. De l?, l'Europe ?tant ? l'?poque le centre colonisateur du monde, des bateaux, avec ? leur bord des marins gripp?s, partirent vers l'Afrique, l'Am?rique du Sud, les Indes et la Chine, ainsi que vers l'Oc?anie. Ces marins colportant vers ces terres alors encore ?pargn?es un virus ?pid?mique qui, par la m?me, allait devenir ind?niablement pand?mique : l'?pid?mie devenait mondiale.
Fin octobre et d?but novembre, d'abord en France et Grande-Bretagne, ensuite dans l'Europe enti?re durant le mois de novembre 1918, l'importance devint l'?gale de celle des ?tats-Unis. Pire : les populations europ?ennes, affaiblies par quatre ans de guerre et de p?nuries, subirent des pertes plus grandes encore que celles des ?tats-Unis. La France, ? elle seule, subit quasiment autant de pertes que l'ensemble des ?tats-Unis. Des villes enti?res sont paralys?es, autant par la maladie que par sa crainte. Aux ?tats-Unis, l'?pid?mie perdait enfin de sa force, apr?s deux mois en moyenne de s?vices : septembre, le mois de la propagation, et octobre, le mois des morts. Novembre ?tant, pour ce continent, le mois d'une gu?rison am?re.
En Europe, pour la France et la Grande-Bretagne, le mois de la propagation ayant ?t? octobre (avec ?galement un grand nombre de morts), ce fut ainsi principalement le mois de novembre, en raison des infrastructures sanitaires d?bord?es, qui vit les plus grandes vagues de morts. Pour les autres pays d'Europe, la p?riode de propagation de la maladie s'?tendit de mi-octobre ? mi-novembre, celle des morts, de mi-novembre ? mi-d?cembre.
Parmi les comptoirs et colonies europ?enne, seule l'Australie fut en mesure d'appliquer une quarantaine rigoureuse. Pour les autres, l'?pid?mie fut in?vitable. Les Europ?ens d?barqu?rent, amenant avec eux le mortel virus. ? partir de d?but novembre 1918, le virus se r?pandit tr?s vite dans toute l'Afrique, l'Am?rique Latine, les Indes et la Chine, ainsi que dans l'Oc?anie. Le pourcentage de gripp?s dans les populations locales oscillant entre 30 et 80 % de contamin?s, parmi lesquels de 1 ? 20 % de cas mortels. Les ?pid?mies, l? aussi, passant en deux mois sur une r?gion, elle cessa donc son activit? vers d?but janviers 1919, avec un pic de mortalit? en d?cembre 1918.
L'Inde, ? elle seule, aurait eu 6 millions de morts, la Chine tout autant.
Apr?s deux mois d'accalmie, de d?cembre 1918 ? janvier 1919, la pand?mie semblait d?finitivement achev?e. Pourtant, 1919 vit ?trangement une recrudescence importante du nombre de cas de grippe espagnole. Cette nouvelle ? vague ?, par chance, ne fut que mineure du fait que l'ensemble des individus ayant d?j? ?t? atteints lors de la seconde vague de grippe pr?sentaient d?sormais une immunit?, et ne pouvaient donc colporter le virus. Cette vague pand?mique, qui balaya tout de m?me la plan?te enti?re, se contenta d'enclencher des foyers ?pid?miques localis?s un peu partout sur terre, notamment dans les r?gions ?pargn?es jusqu'alors, telle que l'Australie, qui n'?chappa pas cette fois ? la pand?mie.
Avec l'Australie ainsi touch?e, ce fut donc sur l'ensemble des continents humainement habit?s que le virus de la grippe de 1918-1919, dite espagnole, sema son lot de morts, signant d?finitivement son caract?re pand?mique.
Bilan et cons?quences
Du fait, sans doute, de la priorit? militaire de l'?poque, et malgr? la virulence de cette pand?mie mondiale, aucune ?tude scientifique approfondie ne fut entreprise. Seuls, ?a et l?, des m?decins isol?s ?crivirent de petits trait?s exposant les sympt?mes constat?s, des statistiques de contamination ou de taux de mortalit?. Les rares pr?l?vement conserv?s (par exemple dans de la paraffine solide) s'av?rent aujourd'hui d?grad?s et inutilisables.
On a par ailleurs constat? que la pand?mie de 1918-1919 fut essentiellement caract?ris?e par trois faits :
* Un taux de mortalit? induit (ce n'est pas la grippe qui tue directement) effrayant, avec une moyenne d'environs 3 % du milliard de gripp?s de l'ensemble de la plan?te.
* Une morbidit? extr?mement ?lev?e, c'est-?-dire un tr?s grand nombre de cas, estim?e ? 50 ? 70 % de la population mondiale atteinte. Ceci s'expliquant par le fait qu'il s'agissait d'un virus grippal de type nouveau vis-?-vis duquel la population ne poss?dait aucune immunit?.
* Une courbe de mortalit? tout ? fait anormale, avec un pic sur les 20-40 ans, notamment au alentour de 30 ans.
Ainsi, sur une population mondiale estim?e ? l'?poque ? environ 1,9 milliard d'individus, l'ensemble des estimations ?valuent ? plus d'un milliard le nombre de personnes atteintes par ce virus, sans distinction de continent, d'ethnie ou du niveau technologique de leur civilisation. Au contraire, bien que le taux de mortalit? fut plus ?lev? chez les tribus primitives, du fait de l'absence de soins, ce furent les civilisations urbaines et industrialis?es, ? fortes concentration de population, qui furent les plus touch?es du fait qu'elles favorisaient la propagation rapide du virus.
Au niveau humain, on estime le nombre de victimes compris entre 21 millions (d'apr?s l'Institut Pasteur) et 50 millions d'individus (d'apr?s l'OMS). Le consensus international penchant plut?t pour la premi?re ?valuation, et tranchant aux alentours de 30 millions de victimes.
Plus pr?cis?ment, au cours de ces diff?rentes vagues, les ?tats-Unis, premier pays touch?, perdirent pr?s de 549 000 citoyens ; la France, modeste pays compar? aux ?tats-Unis, en perdit pourtant pr?s de 408 000, le Royaume-Uni 220 000 ? seulement ?. De l'Allemagne et de l'Autriche, alors dans le chaos de la d?faite, ne ressortent aucune ?tude statistique. Globalement, en Europe occidentale, ce fut sans doute pr?s de 2 ? 3 millions de morts. L'Inde et la Chine, comme on l'a vu pr?c?demment, eurent chacune environ 6 millions de morts. Le Japon en eut pr?s de 250 000.
Source : Institut Pasteur
Pour les autres pays, tels que les colonies africaines, l'Am?rique du Sud, l'Oc?anie et la Russie (alors en pleine refonte communiste), il n'est fait mention nulle part de quelconques statistiques, mais on peut, en fonction des populations de l'?poque et de la mortalit? moyenne, y estimer le nombre de morts total ? pr?s de 6 millions. Probablement plus. On obtient ainsi de 20,5 millions ? 21,5 millions de morts dus ? cette pand?mie.
Apr?s plus de 30 millions de morts emport?s par la guerre et cette grippe, et au maximum le double : 60 millions, la pand?mie s'acheva d?finitivement vers le d?but de l'?t? 1919. Tout le monde se r?jouit, dans ce monde qui, apr?s 4 ans de guerre suivis de cette pand?mie, ?tait ? reconstruire.
Cependant, un oubli anodin d'alors a aujourd'hui son importance : aucune souche n'ayant pu ?tre conserv?e, aucune ?tude n'a pu ?tre faite sur l'origine de sa contagiosit? et de sa virulence, l'une comme l'autre restant inexpliqu?es. Pour en savoir plus sur ses propri?t?s, nous sommes ainsi oblig?s de nous contenter de l'?tude du virus de la grippe en g?n?ral.
Sources et liens
Liens externes
* Source de cet article : TPE ? La Grippe Espagnole de 1918 ?, expos? de Terminale S apr?s synth?se de documents obtenus aupr?s de l'Institut Pasteur. Site sous copyleft.
* Rapport d'investigation : L'?pid?mie de grippe espagnole de 1918 ? Gen?ve, Suisse
* http://www.pbs.org/wgbh/amex/influenza/maps/index.html - progression du virus aux USA (1918)
* http://www.splf.org/gp/dossier-documents/grippe.html - dossier "Grippe espagnol", auteur inconnu.
* http://jvdb.chez.tiscali.fr/cassure.htm
* http://www.who.int/mediacentre/facts.../en/index.html Article sur la grippe.
* Dossier en fran?ais sur la grippe espagnole.
Bibliographie
* Revue Virologie Vol.5, n'1, Janvier-f?vrier 2001.
* Que sais-je ? "La grippe", n'978.
* Documents de la Conf?rence de l'Institut Pasteur : La Grippe Espagnole de 1918.
* C. HANNOUN : La Grippe, Ed Techniques EMC (Encyclop?die M?dico-Chirurgicale), Maladies infectieuses, 8-069-A-10, 1993.
* Article : "La grippe ? fait des millions de morts", journal-source non communiqu?.
* Article : Tautenberger J et coll. ? Characterization of the 1918 influenza virus polymerase genes. ? Nature 2005 ; publication avanc?e en ligne le 6 octobre 2005.
* Article : Tumpey T et coll. ? Characterization of the reconstructed 1918 spanish influenza pandemic virus. ? Science 2005 ; 310 : 77-80.